Une histoire c'est une rivière qui s'écoule. Une cohérence. Un déroulé logique qui permet d'être pris dedans, qui permet d'y croire. Une histoire c'est sincère.
Or, avec Rose Bonbon, on a affaire à tout l'inverse. Un récit cousu de fils blancs. L'auteur part d'une idée : "Je vais choquer tout le monde et me faire connaitre en faisant la polémique. Je vais décrire les élucubrations d'un pédophile." Alors ça commence avec une scène où le protagoniste, Simon, regarde Blanche Neige au cinéma. Il vient s'enivrer de la douce présence des enfants quand il remarque une fillette particulière: celle qui éveillera en lui un désir irréfutable. Une flamme jusqu'alors sagement refoulée. La scène est bien. Moi lectrice, j'ai envie d'être mise à l'épreuve. On est tout de suite happé par cette histoire qui promets beaucoup d'émotions.
Mais quelques pages plus tard, on découvre notre narrateur. Et là, problème. Simon le pédophile est une caricature de pédophile. Je sens alors l'auteur penché au-dessus de mon épaule "Han tu vas voir ! J'ai pas peur moi ! Même que mon perso il aime les petites filles et tout! C'est tellement anti politiquement correct... J'suis trop un fou moi! Provocateur !" Je commence alors à comprendre qu'il n'y aura pas de fond dans cette histoire... On n'y croit pas à ce personnage de pédophile à la psychologie grossière. Simon est juste un pédophile comme les gens s'imaginent les pédophiles. Un connard monstrueux, d'apparence charmante mue par ses seules pulsions sexuelles cherchant à tout prix le contact avec des enfants, et dont les pensées se bousculent de manière bordélique. Un tel personnage eut été intéressant à condition d'en creuser la psychologie, or cette-dernière est on ne peut plus grossière. Simon a eu une enfance heureuse. Il entend une voix intérieure qui déclenche sa violence, il n'aime que les filles et est dégouté par celles qui ont plus de 10ans, il n'aime pas les pubis poilus, ça le dégoute, il adore Blanche Neige mais préfère Alice parce qu'il aime les blondes, il aime pas les rousses ET il est friand des jeux de mots lamentables dont le livre est ponctué : "Musulmange-moi!"
De plus, c'est très très, mais alors très très mal écrit. En plus des jeux de mots, le livre est truffé d'énumérations qui rende le récit d'une lourdeur insupportable. Déjà que ses images sont nulles, l'auteur use et abuse de l'énumération pour bien nous les marteler dans la tête. Pas une phrase simple. Non, il a besoin de rajouté une dizaine d'équivalence pour bien enfoncer ses comparaisons dans la tête du lecteur. Tout ses effets sont ratés. L'usage de termes anglais pour faire familier, mais personne ne parle comme ça! Sauf peut-être une espèce de vieux ringard de 25 ans qui débarquerait tout droit venu des années 80 (et encore...).
"Cinq sens avec la jauge à zéro. Please fill the tank. Plus de carburant. Faîtes le plein!"
"Red mouth" ; "Total black out" ; "Mon troisième jour donc: Psy Day. Psy Time. PsyKo. PsyKakanalyse"
On comprend très bien ce qu'a voulu faire l'auteur. Créer un personnage à la psyché décousue, mettre de l'humour là où ça fera frémir le lecteur... "Han trop choquant! Je suis trop stylé! Ca va les mettre mal à l'aise"
Le livre est gratuitement provocateur. Aucun autre enjeu qu'une provocation minable, il cherche à choquer le lecteur, rien de plus... Et c'est un peu ridicule.
On est loin de l'effet escompté. On a juste l'impression de lire la rédaction d'un lycéen qui avait 4 heures pour développer un thème imposé et qui s'est un peu trop laissé emporter par son inspiration.


Alors, non seulement c'est mal écrit, le personnage est ridicule, mais l'histoire ne tient pas debout. C'est complètement décousu. Les événements arrivent comme ça, à l'arrache, pour faire avancer l'histoire.
Voici un résumé détaillé pour ceux que ça intéresse:


Le mec craque devant une petite qui le pousse à la toucher dans les toilettes d'un fast food. Sa mère débarque horrifiée. Il lui pète la gueule. Il se fait arrêté par les flics. Le juge le met en liberté conditionnelle avec séances de psy et médicaments obligatoires. Il vit dans une caravane pourrave. Il rencontre un Vieux. C'est aussi un pédophile. Il est riche, puissant et connait du beau monde. Il prend Simon sous son aile. Ils montent une comédie musicale (Peter Pan) pour transmettre leur philosophie pédophile au grand public. Avec Simon dans le rôle principal pour qu'il soit entouré d'enfants. Simon touche la nièce du Vieux. Alors le Vieux se venge en lui pourrissant sa carrière. Les médias traitent Simon de pédophile. Alors il disparait. Il décide de recréer une team de pédophiles dans une vieux patelin. Il trouve deux pédophiles en deux secondes. Ensemble, ils agressent et kidnappent un petit scout. Un des pédophiles en butte un autre puis se suicide. Simon part offrir le petit scout au vieux en guise de cadeau de réconciliation. Mais en fait, il avait attaché une bombe au petit scout. Alors tout explose. Le vieux et le petit meurent. Simon est blessé dans l'explosion. Il se retrouve paralysé. Il ne peut plus faire de mal aux enfants.


On n'y croit pas une seconde. Il n'y a aucun fond.
Arrivé au milieu du récit, le livre me tombe des mains. Je me fais chier. Les énumérations interminables, les évènements sans lien logique bien arrangeants pour faire avancer l'histoire n'importe comment... C'est tellement maladroit! Une histoire cousue de fils blancs avec pour dénouement le summum de l'insensé.


Au final, ce supposé roman sulfureux n'était q'un récit superficiel destiné à choquer le bourgeois et à faire connaitre son auteur.

ºOlivia
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le 19 juin 2017

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ºOlivia

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