Il est difficile de parler de ce livre après avoir vu l'excellent film "La route des Indes" (1984) de David Lean. Le livre est long (il faut attendre 140 pages sur 380 pour arriver à l'épisode crucial de la visite des grottes de Marabar), parfois confus (David Lean a su le simplifier, tout en gardant l'esprit) et manque de lyrisme et de souffle, avec des personnages antipathiques, bien sûr, les colons britanniques, pleins d'arrogance, de suffisance et de préjugés mais aussi, le personnage principal, le Dr Aziz, velléitaire, parfois fantasque et plein de ressentiment. Même Mrs Moore, pourtant plus ouverte, finit par se désintéresser de l'Inde. Seul Cyril Fielding, principal du collège de Chandrapore, sort du lot ; pour lui, "Le monde n'est fait que d'hommes qui cherchent à s'atteindre et n'y parviendront que s'ils joignent la bonne volonté à la culture et à l'intelligence". Le Pr Narayan Godbole est finalement celui qui représente le mieux l'Inde, plein de contradictions et de mystères, incompréhensibles pour les occidentaux. Un livre plus court aurait été aussi efficace pour dénoncer la colonisation britannique aux Indes. Malgré un sujet différent, on est loin de "La ferme africaine" de Karen Blixen, d'une grande justesse sur l'Afrique mais aussi la condition humaine.