« Six years », traduit sobrement en français « Six ans déjà », est une des dernières aventures nées de l’imagination du célèbre romancier américain Harlan Coben. Cet écrivain a vu sa notoriété française prendre de l’ampleur lors de la sortie en salle de l’adaptation de « Ne le dis à personne » par Guillaume Canet il y a quelques années. C’est à cette occasion que je suis parti à la rencontre de son univers. Je ne regrette pas le voyage et prend depuis plaisir à guetter chacune de ses nouvelles parutions. Cela faisait quelques mois que je n’avais pas pris le temps de me plonger dans une de ses intrigues haletantes. J’ai réparé cette erreur en profitant de mes vacances pour tourner les premières pages de « Six ans déjà ».
La quatrième de couverture attisait la curiosité avec les mots suivants : « Six ans ont passé depuis que Jake a vu Natalie, la femme de sa vie, en épouser un autre. Six ans à lutter contre lui-même pour tenir sa promesse de ne pas chercher à la revoir. Et puis, un jour, une nécro : Natalie est veuve. Et soudain, l’espoir renaît. Mais aux funérailles, c’est une parfaite inconnue qui apparaît. Où est Natalie ? Pourquoi s’est-elle évaporée six ans plus tôt ? Jusqu’où lui a-t-elle menti ? Déterminé à retrouver celle qui lui a brisé le cœur, Jake va devenir la proie d’une machination assassine. Et découvrir qu’en amour, il est des vérités qui tuent… »
Un bouquin écrit par Coben est le renouvellement perpétuel d’une même recette. Le squelette est toujours le même. Le quotidien d’une personne souvent sans histoire est chamboulé par un événement improbable. Souvent, il réveille un cadavre du passé dans un placard. S’ensuit une enquête improvisée qui entraine le protagoniste dans une toile d’araignée dont il n’avait pas supposé l’ampleur. Tout cela aboutit à un dénouement haut en couleurs qui assemblent les nombres pièces de puzzle égrainées au cours de la lecture.
« Six ans déjà » cuisine donc cette même tambouille. Le personnage principal prend les traits de Jake. Il est enseignant universitaire. Sa vie est routinière. C’est par hasard qu’il découvre le décès de celui qui lui avait « volé » la femme de sa vie. Le synopsis ci-dessus vous montre la surprise qui marque le début réel de l’intrigue. Le héros est sympathique. Il ne possède pas de charisme particulier mais attire néanmoins notre empathie. D’ailleurs l’attirance du lecteur se fait davantage par la curiosité de la situation que par la souffrance personnelle de Jake. Je pense que la dimension émotionnelle est mise très en retrait derrière l’enchaînement effréné des événements vécus par l’amoureux transit.
Je dois avouer que la « disparition » de Natalie m’a passionnée. Elle semble avoir été oubliée de tous. Le cerveau mouline à plein pot pour trouver des explications à cette situation improbable. Notre questionnement monte en puissance tout au long de la première moitié du bouquin. Chaque nouvelle rencontre faite par Jake rend la vérité de plus en plus inacceptable. Trop de personnes nient la présence de Natalie. Le labyrinthe dans lequel est entré le héros semble dépourvu d’issues.
Au bout d’un moment, la pelote tend à se dénouer un petit peu. La lumière apparaît. L’atmosphère s’éclaircit. Mais cela s’accompagne parallèlement d’une mise en danger de plus en plus importante pour Jake. Je dois dire que la seconde partie du roman m’est apparue moins intense. Coben est arrivé à faire naître avec maestria une attente immense. Il était finalement couru d’avance que la résolution ne pourrait pas totalement y répondre. Les révélations ne sont pas bâclées, loin s’en faut ! Néanmoins, elles s’enchainent à un rythme finalement assez régulier et n’offre pas autant d’ascenseurs émotionnels qu’on pourrait le souhaiter. La trame est bien construite du début à la fin. Elle ne souffre d’aucun réel temps mort. Il manque juste un petit quelque chose qui lui permet d’être à la hauteur de mes romans de l’auteur préférés.
Pour conclure, « Six ans déjà » est un ouvrage honnête qui ravira les lecteurs en quête de roman pour les vacances. Il ne fait pas partie des meilleurs crus du genre mais Coben a un talent suffisant pour que même quand il n’est pas au top de sa forme, il est déjà bon. Et ce n’est pas si mal…