Bien que son premier livre date de 1974, la notoriété de Drago Jancar s'est construite assez lentement, culminant avec Cette nuit, je l'ai vue, merveilleux roman paru en 2014 en France. On attendait donc avec confiance sa dernière publication, Six mois dans la vie de Ciril. La désillusion est au niveau de l'espérance : immense. Au demeurant, il serait plus intéressant de parler de la couverture de cette édition, chatoyante, que du contenu du livre, hautement désespérant. Quelle idée d'abord de choisir un personnage principal aussi agaçant : désabusé, velléitaire, apathique, dénué de personnalité. Portrait d'un homme sans qualités, de Vienne à Ljubljana, musicien épisodique devenu factotum d'un homme d'affaires slovène à l'activité plutôt trouble. Six mois dans la vie de Cyril aurait pu être une comédie ironique, à la mode Mitteleuropa, sur le thème du capitalisme dopé à la prévarication et à l'incurie. Mais à cause d'un rythme d'une mollesse insigne et à de multiples répétitions comme si le lecteur n'était pas capable de comprendre sans que tout soit surligné, et notamment les états d'âme de Ciril, le livre tombe des mains très vite et l'on finit par se moquer du sort qui attend notre héros indigeste et falot. Slovène ? Slow et vaine épreuve, plutôt.