Alors que Porno, la suite, avait une véritable trame narrative (avec un début, un milieu et une fin), Skagboys, le préquel, reprend le même principe que Trainspotting, l’original : à savoir qu’on a parfois plus l’impression de lire une suite d’anecdotes et d’impressions jetées en vrac sur le papier qu’une véritable histoire.
On peut trouver ça dommage car perso, j’avais préféré Porno, justement parce qu’il était plus structuré que son modèle. Mais après tout, le côté fourre-tout de Skagboys fait aussi sa force car il colle parfaitement au bordel qu’il décrit et à l’état d’esprit pour le moins perturbé de ses personnages.
Ne vous attendez pas à une révolution du petit monde créé il y a déjà plus de 20 ans avec Trainspotting : si vous ne l’aimiez pas, fuyez ce bouquin. Sinon, vous serez très heureux de retrouver une nouvelle fois toute la faune de pouilleux magnifiques de Leith ; Renton, Sickboy, Spud, Begbie, Tommy en tête. Irvine Welsh malmène ses héros (et par là-même son lecteur) en n’hésitant pas à présenter à parts égales leurs bons côtés et leurs pans de personnalité les plus abjects (et le mot n’est pas trop fort).
Seul bémol, le livre est très long et se perd parfois entre les très nombreux personnages secondaires (pas tous aussi intéressants) et certaines situations répétitives peuvent un peu lasser. Retaillé pour n’en garder que les moments les plus drôles (on se pisse dessus à la lecture de certains passages) et les plus graves, Skagboys aurait été, à mon sens, encore bien meilleur. Surtout qu’à travers le personnage de Marc, Welsh se livre comme il ne l’avait peut-être jamais fait (sur ses doutes, son rapport à l’écriture) et accouche peut-être ici de ses plus belles pages.