"Longtemps je me suis couché de bonne heure". Mon cul ouais.
Si Proust était tombé sur un roman McBride, il se serait couché beaucoup plus tard, j'aurai certainement déjà lu un de ses bouquins et en plus il aurait grave gagné niveau swag (à mon humble avis).
Bordel minou, tu vois les bandeaux qui vantent les bouquins généralement je les fous direct à la poubelle quand ils arrivent sur table, mais là c'est Donald Ray Pollock qu'en fait la promo. Ça sent d'avance le bijou brut taillé à même le talent tu vois ?
En plus l'auteur il est malin, il cite Steinbeck avant de démarrer l'histoire, de quoi planter le décor sans modestie. Popop tranquilou (mais il a raisonraison si tu veux tout savoir).
J'avais même pas lu le 4e de couv' que j'avais déjà l'impression de lire un truc bien influencé par Breaking Bad, une histoire de crystal meth et tout le bordel. Sauf que ça se passe en plein milieu white trash, upper level. Un concentré de crasse qui te ferait se chier dessus n'importe quel démocrate (et on leur en voudrait même pas t'sais).
Pourtant, de la misère sociale t'en as à foison, d'où l'influence de Steinbeck en plus de la poésie qui détonne complètement avec les situations des personnages.
Et la façon dont l'auteur tisse son histoire minou, de la folie. Genre 100 pages à te présenter chaque gars pour qui t'as aucune pitié. Un mélange des figurants de ce fabuleux comics qu'est Southern Bastards, avec un fort taux de consanguinité façon The Devil's Reject de Rob Zombie. Les 100 dernières pages, un pur cauchemar, vraiment. Tu sens tes tripes prêtes à virer illico sauce pesto. Tu t'rappelles des petits frissons qui venaient taquiner la sueur que t'avais dans le bas du dos quand tu matais les derniers survivants de Massacre à la tronçonneuse se faire massacrer à la tronçonneuse. V'la l'ambiance, du cauchemar sans que ce soit classé horreur. Dingue !
Tisane de tisane, cette vision de la vie de McBride est génialissime, le gars pardonne que dalle.
Du petit dealer de meth façon Jesse Pinkman, au petit flicaillon parfait bon gendre patriotique à la Channing Tatum, chaque portrait toujours plus sordide que le précédent.
T'en prends juste plein la gueule du début à la fin. Le genre de bouquin qui te fait kiffer de faire ton métier, que tu sois éditeur, libraire ou même féru de polars.
J'avais adoré le précédent roman, Frank Sinatra dans un mixer, Soleil Rouge dépasse tout ce à quoi je m'attendais (en général les deuxièmes bouquins perdent un peu en intensité, mais là que dalle, de la qualité à prendre avec une pipe, un morceau d'alu et un bon gros Bic des familles).
Les retranscriptions de la parano, des vêtements en sueur quand les gars vivent leur descente, ... Tout y est putain. Du vécu, c'est obligé.
Dis moi minou, ça t'est pas arrivé depuis combien de temps de lire un truc qui te prends pas pour un débile en te vendant un bonheur que t'auras jamais ?
Pfiou. Bordel, pilez moi ce bouquin dans votre rayon polar ! Foutez moi ça dans votre bibliothèque, faites le tourner ! J'ai l'impression d'être en pleine montée, celle où tu bégayes de tellement kiffer un truc que t'es pas capable de rentranscrire vraiment ce que tu viens de vivre sans perdre ton interlocuteur en route.
Fuckfuckfuck.
En quelques mots ? Donne un peu de meth à Steinbeck, laisse le tout mijoter et prends en une bonne plâtrée (m'est avis que de toute façon, c'est toi qui reviendra faire le goulu pour avoir du rab').
BANG BANG !!!