couvertures » bien au chaud sous ma couette !
Un libraire de quartier en difficulté a une très grosse envie de baisser les bras tant il est submergé par tous ces livres qui sont publiés et qui finiront au pilon. Sa clientèle a vieilli avec lui et le renouvellement n’est pas arrivé malgré Sarah, sa jeune stagiaire. Nous sommes samedi soir, il ferme sa boutique, baisse le rideau et s’en va chez lui plein d’amertume et de fatigue. Lundi, il recevra les nouveautés de la rentrée littéraire et devra mettre dans les cartons les livres qui partiront dans le couloir de la mort des invendus puis au pilori. Les livres du Boudoir le savent…. Le tri se fera parmi eux et non pas auprès de ceux des tables, les prix, les best-sellers.
Alors, branle-bas de combat parmi les livres du boudoir. « Grand » prend les choses en main, accompagné de « Junior » et de « Mauve ». On va voir les anciens qui ont pour nom « l’Académicien », « Douleur d’Ecrire », « l’Auteur », « Vieille Gloire »… Serait-ce les premiers soubressauts d’une révolte, que dis-je ! Une Révolution !
Ça discute, ça fouraille, ça fomente, ça se dispute, pire qu’à l’Assemblée !! Et pourquoi tout cela ? Pour que finisse cette attente sans fin, cette ségrégation. Pourquoi les livres vendeurs, les prix et tous ceux qui connaissent la gloire sont-ils devant et pas eux ? C’est la double peine pour ceux du Boudoir ! Ils ne bénéficient pas d’une grande publicité télévisuelle, n’ont pas obtenu de prix, ce sont d’anciennes gloires très amères, seuls quelques illustres inconnus les lisent, …. Enfin bref, tout le menu fretin de la librairie. C’est qu’ils la voudraient bien la place au soleil ! Oh, pas grand-chose, juste une quelques jours, enfin connaître le plaisir d’être saisis, palpés, découverts, feuilletés et, le Graal : achetés par les clients.
Le vieux libraire et la jeune Sarah représentent deux façons différentes de voir le fonctionnement d’une librairie. Lui, qui était à la pointe du progrès lors de la création de sa boutique, est fatigué, las, ne veut plus rien changer. Il n’a plus la pêche pour tout chambouler, reste sur ses positions. Sarah représente la nouvelle génération, donc la lumière, l’oxygène. Elle voudrait mettre quelques une de ses idées en place. Dans les livres comme chez les humains, encore et toujours le grand débat des anciens contre les modernes.
Cette bataille des livres pendant la fermeture de la boutique m’a fait penser à un dessin animé où les jouets s’animent la nuit : Merci le moteur de recherches : Toy Story !!
Je savais qu’il y avait des lutins qui venaient la nuit déplacer les chaussons de place. Certains de mes livres disparaissaient pour réapparaître sur une autre étagère ! Oui, oui, je vous le promets. Maintenant je sais que les livres sont des objets animés qui ont une âme. J’aimerais tant surprendre leurs activités nocturnes, mais je crains que ce soit perdu d’avance, comme pour le Père Noël.
Un livre drôle, certaines scènes sont hilarantes, comme cet onanisme littéraire. Sous ses propos légers, Bertrand Guillot parle du malaise du monde de l’édition et des libraires. Un monde en pleine mutation avec les ventes en ligne, les tablettes, les livres numériques. Ces officines du plaisir que sont, pour moi les librairies, doivent inventer, créer, trouver les mille et une façons d’intéresser le client pour qu’il devient lecteur, assidu si possible.
Merci Bernard Guillot pour cette déclaration d’amour pour les livres et les vraies librairies.