Tableau final de l'amour (déjà ce titre, magnifique) commence au moment d'un cambriolage raté, celui de l'atelier de l'artiste-peintre Francis Bacon par un homme, George Dyer. S'ensuit une baston dans la nuit sur le lit de l'artiste, où se mêlent violence et puissance, virilité et fragilité.
Très vite, l'homme devient le modèle, une sorte de muse pour Bacon, qui sent qu'il doit en tirer tout son art, qu'il doit le vider de sa substance pour en représenter l'Homme.
Lui est peu apprivoisable, il ne rentre pas dans le rang, il erre dans sa vie comme il palabre dans l'atelier de Bacon.
Rien n'est simple pour ces deux hommes. L'époque, la notoriété, l'argent, mais aussi des constructions sociales et familiales rendent leur relation complexe. Il y a des fuites et des points de chute. Il y a des ego et des variations amoureuses qui ne s'accordent pas.
C'est la rencontre en dents de scie entre un artiste de talent et un homme vivant en dilettante, chacun se nourrissant de l'autre jusqu'à ce qu'il soit à sec, vidé.
Francis Bacon peint des visages déformés, des corps qui s'étalent au sol, cherchant à les vider de leur chair, ou de leur âme, je ne sais pas très bien. C'est dérangeant et particulier. Son travail s'inspire de ce qu'il connaît de la nature humaine et nous découvrons avec lui les hommes et les femmes qui l'ont marqué, ont façonné l'artiste torturé qu'il est devenu.
J'aimais déjà l'écriture de Larry Tremblay pour L'Orangeraie, un roman qui m'avait émue et touchée au point que je le relise 2 fois plusieurs années après.
Ici, grâce au tutoiement, il fait du lecteur l'intime de Francis Bacon, dans une longue déclaration qu'il ferait à son amant.
Si je pouvais donner des mots-clés, il y aurait : passion, art, création, hommes, troubles amoureux, cruauté, déchéance, regrets.
Tableau final de l'amour entre au Panthéon de mes livres préférés.