Use your fucking illusion

Comme je l'ai lu en français, je voudrais avant tout CRIER une chose que j'ai grommelée dans ma barbe durant toute ma lecture : c'est le livre le plus lamentablement mal édité qu'il m'ait été donné de lire, entre coquilles si omniprésentes qu'on finit par ne plus y faire attention, et traduction littéralement épouvantable — on sent l'expression anglaise derrière à peu près chaque formule, avec du coup, bien sûr, une myriade de faux sens.

Bref. Si j'avais le traducteur ou l'éditeur sous la main, je lui balancerais directement ce pavé — c'en est un — à la tronche.

C'est mon côté rock'n roll à moi.

Que dire du contenu du livre ? Je ne suis pas sûr. C'est une chronique journalistique, et assez plate, de la vie du groupe, de sa création à sa récente reformation, après des années de brouille entre les membres fondateurs.

(Juste un mot sur l'auteur : c'est le fameux Mick "suck my fucking dick" Wall de Get in the Ring.

Un type pas rancunier, donc.)

S'il est une évidence tout au long du récit, c'est que Guns N' Roses, c'est Axl Rose, qui est devenu le propriétaire de la marque et pouvait très facilement évincer "le line-up d'origine", Slash, Duff, Izzy... Le propos essentiel de Wall, c'est de parler de l'ego torturé et despotique du chanteur toujours en retard pour le concert — et encore, quand il se pointe. C'est un peu étiré, et de la même façon qu'on aura eu le détail de chaque tournée, on saura tout sur la réclusion forcenée de Rose pendant plusieurs années. Dans les moindres détails. Un peu trop de remplissage à ce niveau.

Au-delà des problèmes d'addictions — littéralement monumentaux — des débuts, pourquoi Guns'N Roses n'a-t-il jamais trouvé sa vitesse de croisière en termes de production ? Comment le groupe peut-il, à en croire Wall, avoir travaillé sur des dizaines de titres jamais enregistrés, pour ne sortir finalement que si peu d'albums studio ?

(À moins que le groupe ait toujours refusé de sortir les chansons jugées faibles ?)

Pendant combien d'années aura-t-on attendu que Rose sorte son album, Chinese Democracy ?

Pourquoi un tel délai ? Où est passée l'idée d'un contenu si riche qu'il aurait mérité un second double album ? La créativité est pourtant là.

Beaucoup de pourquoi, de questions sans réponses, et assez souvent, l'impression que ce livre reste à la surface des choses. Sans être désagréable à lire, mis à part les impardonnables problèmes de forme de la VF.

M'en reste l'idée que si Guns N' Roses a certes connu un destin assez épique, son histoire laisse un goût de ratage, d'auto-sabotage. À moins que l'appât du gain des membres du groupe ait trouvé à se satisfaire, sans qu'il ne soit plus besoin d'en branler une ramée, une fois acquis le succès planétaire de Use your illusion.

Que tout cela n'ait été, en somme, qu'une sombre histoire de partage de brouzouf.

Le récent concert parisien donne ainsi l'impression d'une recette éprouvée, mais aussi d'une absence totale de prise de risques. Ce qui est peut-être ce qui résume le mieux ce qu'est devenu GN'R, et laisse songeur quant à ce qu'il aurait pu être.

(Doit-on espérer un autre album, 2008 pour Chinese Democracy, 2024, hmm, Use your illusion c'était 1991, ça devrait être de l'ordre du possible...)