REVOLVER FOR EVER
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Corinna Bille est le premier roman de Corinna Bille, publié en 1942.
Son père, flairant le talent prometteur de sa fille l'encouragea à écrire sur un fait effroyable: l'exécution capitale de trois jeunes adultes, à Sion, en 1842.
Si le lecteur pense avoir affaire à un thriller érotique, il lui faut passer son chemin.
Le meurtre d'un innocent dont la toile de fond est l'adultère n'est qu'un prétexte, pour la jeune valaisanne, d'écrire ses souvenirs d'enfance, de magnifier le village de Montana et de Corin, ses animaux, ses plantes et ses vergers mais surtout les rites catholiques- obligatoires- qui rythment le calendrier de façon ostentatoire et rigoureuse, lesquels, transmettent plus de tristesses et de lamentations que de gaîtés dans cette communauté rurale du 19ème siècle.
La narratrice, Marceline, une gamine de 10 ans, entourée de ses douze frères et sœurs, découvre, à son insu, sa belle soeur faire l'amour avec un inconnu. S'ensuit un lourd secret, un fardeau. Le temps de l'innocence disparaît soudainement. Les fêtes religieuses, comme la Semaine Sainte, sont vécues comme un supplice, une douleur. Rien ne sera plus pareil, d'autant plus que tout le village découvrira le pot aux roses.
Ce roman, qui fait la part belle aux saisons, aux paysages, au fêtes catholiques, manque un peu de rythme, pêche par sa crédulité; en effet, comment est-il possible que Barnabé, le grand frère de Marceline, ne se révolte point face à cette injustice, et se laisse choir de manière pathétique?
Marceline tente une explication:
"Je me mis à aimer mon frère avec ce mélange de hargne et de pitié, de cruauté et de remords, qu'on éprouve parfois pour les êtres malheureux, surtout s'ils vous sont proches."
On pourrait reprocher à la jeune Marceline de posséder le cerveau d'une adulte, cependant, cette invraisemblance est largement pardonnable, quand on découvre la poésie magnifique qui se dégage de ce roman.
Enfin, Corinna Bille, à travers sa narratrice de 10 ans, nous fait voir la terrible épreuve du corps qui grandit, dans un système communautaire et sectaire rigouriste et radical. Théoda la pécheresse, ne peut que succomber à sa passion charnelle pour un homme sans scrupules et libéré du carcan religieux.
Ce corps, qui ne doit pas se montrer, se révèle une force de la nature, capable de faire trembler la terre, comme les mulets qui descendent de l'alpage et qui tuent les petits enfants.
Ce corps corseté, c'est la pluie qui le délivre : "Nous étions entièrement trempés, et il se passa quelque chose de très étrange: pour la première fois, nous connûmes que nous avions un corps. Malgré nos vêtements, ce fut comme s'il était nu, aussi dur que celui des statues, et nous eûmes conscience de son contour précis. La pluie nous avait modelés, donnant un galbe à une matière, hier encore, informe. Nous en demeurâmes troublés et satisfaits."
Pour les amoureux de la nature, qui ne sont pas allergiques aux rites religieux, et pour celles et ceux qui sont sensibles à la beauté, cette lecture est pour vous!
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Créée
le 16 avr. 2019
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