Dans un futur très proche, quasiment contemporain, en Chine, trois personnages luttent. Xujin est une rescapée d'une secte. Elle travaille désormais comme éducatrice dans un refuge qui recueille les enfants issues des réseaux de trafiquants. Elle reste marquée par son conditionnement. Esad est un mafieux russe qui fuit son pays et son passé. Os de Tigre est une sorte de prêtresse chamanique qui tue les hommes abusant d'enfants ou de jeunes filles. Nous les suivons dans un monde fait de prostitution, de viol, de traffic en tout genre et de violence. Quand Esad, dans sa fuite arrive au refuge, il met tout le monde en danger.
C'est un texte très sombre, un texte qui remue et qui souvent met le lecteur face à des situations extrêmes. Au coeur de cette noirceur il reste cependant une lueur, la possibilité d'un amour et l'entraide. Le refuge est un lieu de répit. Des enfants brisés y retrouvent attention, soins et affection. Malgré les blessures incurables laissées par leur passé et l'incertitude de l'avenir, la joie et l'amitié sont possibles ici.
L'écriture est heurtée, parfois lapidaire. Il y a beaucoup de phrase nominale. On sent l'urgence, le danger qui rôde partout. Ce rythme saccadé rend les émotions encore plus extrêmes et le roman encore plus marquant.
Eric Richer, que nous avons rencontré hier lors d'un @vleel_ , dit ne pas chercher à alerter sur les réalités du grand banditisme asiatique. Il est juste hanté par cette ambiance et, après s'être beaucoup documenté, a ressenti le besoin d'en faire un roman.
Roman extrêmement visuel, "Tiger" ne laissera personne indifférent. Faites attention si vous êtes sensible à ces sujets car il va loin dans l'horreur. Il y a quelque chose de très sensoriel dans l'écriture qui contribue à une immersion complète. Il n'y a pas de volonté de faire du trash mais une réalité insupportable que l'auteur tente de retranscrire.