Ah, zut, c'est déjà pris comme titre ! Et pourtant, c'est bien de cela qu'il s'agit !
Le roman de Christian Signol paru en 2013 est une sorte de journal (intime) tenu à l'origine par Pierre Brassac, enfant trouvé devenu soldat en 1792 dans l'armée républicaine à Valmy puis dans l'armée napoléonienne. Gravement blessé à Austerlitz, il revient et s'installe dans une grande propriété de la Dordogne, "le Castel". Il devient médecin et commence un journal qui sera repris à sa mort par Albine, sa fille puis par son petit-fils, Aurélien et pour finir, son arrière-petite fille, Ludivine qui sera médecin comme l'aïeul.
Ce roman est une belle chaine de transmission des savoirs et des savoir-être dans une famille où le mot "devoir" n'est pas un vain mot et qui paye systématiquement à chaque génération, ce que Ludivine appellera le "tribut des Marsac". Ce que les guerres, qui égrènent le XIX et XXème siècle, prendront aux garçons de la famille Marsac.
Comme toujours chez Signol, on vit au cœur d'une région, la Dordogne, au rythme des saisons, loin des perturbations des villes et des gouvernants, vus en général comme des empêcheurs de tourner en rond. Surtout, le talent de conteur de Signol nous fait aimer ces paysages magnifiques corréziens au rythme des saisons souvent rudes, ainsi que ces hommes et ces femmes, généreux et débordants de tendresse qui se démènent pour gagner quelques instants de bonheur chipés à un destin pas toujours bienveillant. Le bonheur, ici, se mérite et se paie parfois cher.
Comme toujours chez Signol, une ou deux premières pages à lire pour entrer dans l'histoire. Puis, subitement, un détail insolite (ici, le bébé abandonné au bord d'un chemin) et on est définitivement accroché à l'histoire jusqu'au bout de la saga.