Avec Toutes les histoires d'amour ont été racontées, sauf une, Tonino Benacquista s'est fait plaisir mais pas sûr que ce soit le cas pour ses lecteurs, même les plus fidèles. Léo, le héros du roman, est devenu, à la suite de circonstances qui seraient trop longues à expliquer, un rêveur en séries, comprenez un type qui passe ses jours et ses nuits à regarder ce que l'on appelait autrefois des feuilletons télévisés. Son esprit en est un peu embrouillé et l'auteur de Saga a décidé de le suivre sur ce terrain, en mélangeant savamment réalité de la vie de son personnage et pure fiction, en décrivant des épisodes de série qu'il a lui-même inventé. Cela donne au livre un côté cahoteux mais Benacquista semble parfaitement savoir où il va et, ma foi, il n'est pas si difficile à suivre si l'on est suffisamment attentif aux différentes intrigues plus ou moins développées, quitte à prendre des notes au passage. C'est assurément un drôle de roman, mais où l'on retrouve le style inimitable de l'auteur et en particulier son sens de l'humour et de l'absurde. Benacquista s'est déjà penché auparavant sur l'interaction entre la vie réelle et la fiction, ainsi que sur les mystères de la création artistique, et il le fait une nouvelle fois dans Toutes les histoire d'amour, de manière sans doute moins fluide et presque expérimentale, avec la volonté de sortir le lecteur de son habituelle zone de confort. Encore une fois, le livre a peut-être des aspects labyrinthiques mais il n'est nullement illisible et le plaisir dont il était question plus haut, eh bien, on peut vraiment en trouver dans cet opus peut-être pas aussi foutraque qu'il y parait de prime abord.