Jusqu’à une époque récente, l’automobile était pleinement associée au modèle industriel et sociologique américain, via Ford, le fordisme et la suprématie mondiale de General Motors. Pour la première fois en 2007, General Motors, dont les difficultés sont connues, a cédé son titre de premier constructeur de véhicules particuliers à un géant venu d’un tout autre horizon : Toyota. Le succès de cette entreprise japonaise, programmée dès les années 50 pour rattraper les Américains, ne doit rien au hasard et tout à des principes d’organisation rigoureux, fondés sur les réductions de coûts permanentes, le souci de la qualité tout au long de la chaîne, la chasse aux stocks par les flux tendus, et le kaizen, ou amélioration continue. C’est ce système que Satoshi Kamata, jeune journaliste en 1972, a souhaité explorer de l’intérieur en signant un contrat d’intérim avec l’usine de Nagoya. L’expérience qu’il rapporte est allée bien au-delà de ses attentes professionnelles, réduisant l’homme à un état de fatigue physique et morale extrême. Les témoignages directs sur la condition ouvrière sont rares ; celui-ci, écrit dans un style simple, dévoile l’envers d’une entreprise devenue le nouveau modèle d’un secteur industriel ancien mais plongé dans une crise profonde. Si le toyotisme permet aujourd’hui de survivre à la hausse des matières premières et aux mutations de la demande, quel en est le prix ? Ce livre suggère quelques réponses.