nous sommes toutes des trainwrecks

"Trainwreck" en anglais, ça désigne au sens figuré une catastrophe et par extension une personne qui a fait l'expérience d'échecs et de désastres personnels. Si vous ne voyez pas le rapport avec le féminisme, l'une des définitions du Urban Dictionnary est plus directe: "Trainwreck: Britney Spears, her life and her career." Le celebrity trainwreck on le (ou plutôt la) connaît tous, c'est Britney Spears le crâne rasé, Lindsey Lohan et ses mugshots, Miley Cyrus qui twerke aux VMAs. Trainwreck c'est à propos des femmes, des femmes célèbres, présentes dans la sphère publique qui ne se comportent pas comme elles devraient et qui sont punies pour ça, dont on fait un spectacle jouissif de la "déchéance".


C'est un livre sur les échecs des femmes et comment notre société les traite. Et la réponse, c'est qu'on laisse rarement les femmes être autre chose: quand une femme entre dans la sphère publique, elle est placée sous surveillance, on lui cherche des défauts: sexualité déviante (elle veut trop de sexe, pas assez de sexe, du sexe mais pas avec les bonnes personnes), des émotions hors de contrôle, etc. Evidemment, à force de chercher des défauts, on finit par les trouver, on les rend alors publics, on les expose et les surexpose jusqu'à ce qu'ils en viennent à définir la femme en question, ce qui la transforme alors en trainwreck.


A quoi sert le trainwreck alors? à nous rassurer nous les femmes, à nous montrer le modèle à ne pas suivre pour être une nice girl, à nous faire rester dans les clous, le défaut fatal de la tragédie grecque était censé inspirer "horreur et pitié" au spectateur et lui montrer la voie à ne pas suivre, le rôle d'Euripide est ici joué par Closer. Mais surtout, en existant librement, publiquement avec ses défauts, le trainwreck peut être révolutionnaire (avant de lire ce livre je n'avais jamais entendu parler de Théroigne de Méricourt, femme politique qui s'habillait comme un homme et qui voulait que la Révolution française soit aussi pour les femmes, et franchement c'était une lacune de ma culture personnelle)


Si vous êtes prêts à entendre parler de Sylvia Plath, Billie Holliday ou la féministe du XIX° siècle Mary Wollstonecraft, alors ce livre est pour vous! Il a ce ton acerbe qui est propre aux essais féministes personnels, Sady Doyle ne s'excuse pas de ce qu'elle dit et c'est tellement cathartique


et si vous ne voulez pas l'acheter, un article où l'auteure parle de son livre ici

_ourse
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Créée

le 30 oct. 2016

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