L'auteur le raconte dans les remerciements, quand il a fait lire les premières pages de son manuscrit ses proches lui ont dit "tu tiens quelque chose".
Et effectivement, un mal inconnu qui oblige les gens à manger en permanence sous peine de dépérir en quelques heures, tout en restant lucides, ça changeait des zombies et c'était plutôt prometteur.
Il avait pris le parti de resserrer l'intrigue à quelques gamins sur une île ce qui lui évitait de partir dans un truc aux proportions ingérables et de se concentrer sur l'exploitation de son concept.
Du coup je n'ai pas compris pourquoi il a abandonné les deux idées dès les premières pages.
L'unité de lieu est brisée par des extraits de documents issus d'une enquête postérieure à l'action, qui tronçonnent le récit pour apporter toutes les explications dont on ne veut pas, et multiplier les effets d'annonce quitte à être incohérent (au moins un évènement mentionné dans l'enquête n'a pas été vécu par ceux qui s'en sortent à la fin, et n'a donc pas pu être rapporté).
Et l'utilisation de la "maladie" est décevante. On comprend rapidement que la faim n'est qu'un symptôme et ne sera pas moteur de l'intrigue et des relations entre les personnages. Par facilité où manque d'imagination il s'agit en fait d'une espèce de parasite dégueulasse qui vampirise les gens de l'intérieur et dévoile de nouvelles aptitudes à chaque fois qu'il en a besoin pour infecter quelqu'un.
Il est bien aidé dans sa tâche par un des protagonistes qui s'avère être un dangereux tueur maniaque increvable. Tomber sur un mec comme ça sur un effectif de 5 ados de 14 ans, statistiquement, c'est pas de bol. Il rejoint le nerd et le bully dans le clan des personnages clichés, les deux autres scouts qui complètent la troupe n'étant pas beaucoup plus développés ni intéressants pour autant.
Et donc, de "5 potes coincés sur une île minuscule sont obligés de manger en permanence", l'enjeu devient "4 potes sur une île doivent éviter de se faire choper par le parasite mutant ou par le tueur".
Elle est loin la promesse d'une fable sociale sur des gamins affamés qui se revendiquait à la fois de Stephen King et de Sa Majesté Des Mouches.