Avec un titre pareil, on pourrait s’attendre à une histoire chaleureuse qui sent bon les épices et les souvenirs réconfortants. Sauf que Un goût de cannelle et d’espoir, c’est surtout une recette douce-amère, où les effluves de boulangerie cachent les fantômes de l’Histoire et où l’innocence est vite rattrapée par la réalité du Troisième Reich.
L’histoire alterne entre deux époques et deux femmes :
- Elsie, ado allemande sous le régime nazi, qui aide ses parents dans leur boulangerie et se retrouve confrontée à l’horreur d’un monde où le pain est aussi une question de survie et d’idéologie.
- Reba, journaliste américaine en 2007, qui enquête sur cette boulangerie devenue un vestige du passé, tout en essayant de jongler avec ses propres fantômes intérieurs.
L’idée de départ est bonne : confronter la grande Histoire à l’intime, explorer la complexité de l’Allemagne nazie au-delà des figures archétypales, et montrer que survivre, c’est parfois juste essayer de tenir debout. Mais… ça manque de mordant.
Sarah McCoy écrit bien, fluide et efficace, et on sent qu’elle veut jouer sur les émotions. Sauf que parfois, ça tombe un peu trop dans le "feel-good historique", avec des ficelles un peu attendues, des personnages qui manquent parfois de nuance, et une impression de déjà-lu. On aurait aimé plus de tension, plus de dilemmes poignants, moins de sucre saupoudré sur une histoire qui aurait mérité d’être un peu plus brutale.
Alors oui, le roman a ses bons moments, surtout lorsqu’il explore la vie quotidienne sous le nazisme et la culpabilité collective, et certaines scènes touchent juste. Mais parfois, on a l’impression que l’auteur veut trop lisser l’horreur, rendre l’histoire "consommable", là où elle aurait dû nous faire vaciller un peu plus.
Bref, Un goût de cannelle et d’espoir, c’est un roman qui se déguste facilement, mais qui manque de la profondeur et de l’intensité qu’on attendrait d’un tel sujet. Une lecture agréable, mais pas inoubliable – un peu comme une brioche qui sent bon… mais qui manque de sel.