Une anglaise témoin de la Révolution française: 1792-1795 par Tempuslegendae
Rareté littéraire, dois-je dire: une anglaise, volontairement anonyme, s’installe discrètement sur un «balcon de l’époque» (c’est une image car la dame est détenue entre août 1793 et octobre 1794), et commente pour notre propre satisfaction le paysage français sous la Terreur. Mais cette description est faite de la façon la plus originale qu’il soit: elle écrit des lettres très détaillées, libellées un peu comme un journal puisque ses écrits, traduits depuis deux siècles, débute le 10 mai 1972 et se termine le 22 juin 1795. Elle écrira autant du dedans que du dehors, à Amiens, Arras, Beauvais, Le Havre, Lille, Paris, Péronne, Rouen et Soissons, j’en oublie peut-être.L’auteur de ce recueil épistolaire, Hippolyte TAINE, est historien, académicien au moment de la rédaction, et comme tout philosophe essayiste reconnu sous son siècle, il puise naturellement la «lumière» dans celui qui le précède. Il a beaucoup écrit sur le thème de l’Ancien régime, C’est aussi à lui qu’on doit la citation célèbre: «Si mauvais que soit un gouvernement, il y a quelque chose de pire, c’est la suppression du gouvernement».Mais disons-le, H. TAINE était un intellectuel révolté de son époque. A la fois incisif de la plume et amoureux de l’art et de littérature anglaise, il montre un déterminisme rare.Il décrit son présent livre comme un breuvage, «amer à lire» mais salutaire pour la connaissance des faits de l’époque, bref l’absorption du sirop contre la toux. Mais je pense que l’idée à garder, car elle reste précieuse, traverse sans altération le temps, est celle qui permet la conservation d’un témoignage unique et authentique.Donc, merci à l’historien.