Un comptable se réfugie la journée dans ses chiffres et la nuit dans un bar où il retrouve depuis dix ans les mêmes amis. Le visage protégé par une écharpe, on ne sait rien de son passé. Pourtant, un soir, il est obligé de se dévoiler. Tous découvrent qu'il a été défiguré. L'homme commence à se raconter. Léger et aérien en apparence, ce récit devient le roman d'un homme qui se souvient et survit – vivante et poétique incarnation d'une nation qui survit aux traumatismes de l'Histoire.
Si la lecture de ce roman commence comme une entrée dans la folie d’un personnage, on se rend vite compte que derrière ce masque se cache l’envie d’une reconstruction si ce n’est physique, à tout le moins psychologique. Gilles Marchand, dont c’est ici le premier roman, dispose d’une très belle plume et d’un véritable don pour l’écriture poétique et en particulier dans la description de la solitude. Le pouvoir d’évocation des mots suffit pour faire passer au lecteur tout un panel d’émotions. Si l’écriture est fluide et légère, le propos du roman n’en est pas moins grave. L’auteur, par son imaginaire et sa finesse d’écriture, est un digne héritier de Boris Vian.