Dois-je toujours être capable, d’aimer ou pas, un livre ? Fable sombre, intrigante, irritante, rarement lecture m’a laissée si perplexe.

Après un passage par un camp de refugiés, un homme et un enfant, Simón et David, arrivent à Novilla, ville de langue espagnole, à l’issue d’une traversée de la mer et du désert, pour y recommencer leur vie. Tous ont fui quelque chose, qu’on ne connaîtra pas. Pendant la traversée, l’enfant a perdu la lettre qui donnait l’identité de sa mère. Simon, voulant l’aider à retrouver sa mère, a maintenant l’enfant à sa charge.

Novilla est terrible et absurde. Tout le monde arrive ici, lavé de son passé, de sa mémoire, de son identité, et de ses connaissances. L’administration de la ville fournit aux arrivants un logement et un travail, mais la bureaucratie est défaillante, et sans humanité, la bonne volonté devient une arme cruelle. Simon démarre un travail sur les docks, un vrai labeur de bêtes, charriant des sacs de grain à longueur de journée sur son dos, sans utiliser les grues, pourtant disponibles, pour entreposer des stocks de grain qui seront ensuite dévorés par les rats.

Ce monde très policé, sans conflit ni ironie, et très bureaucratique, semble être un monde sans sel, vide de sens, un monde dans lequel plus personne ne pose de questions. Plus personne sauf Simon qui n’arrive pas à vivre cette vie sans saveur, à se débarrasser de ses passions. Il questionne sans cesse ce monde, où tous acceptent tout.

«"Du bifteck couvert de jus de viande, poursuit-il. Vous savez ce qui me surprend le plus dans votre pays ?" Le ton de sa voix se fait agressif ; il serait plus sage d’en rester là, mais il n’en fait rien. "Tout ça manque tellement de sang ! Tous ceux que je rencontre sont si corrects, si aimables, si pleins de bonnes intentions… Personne ne jure ou ne se met en colère. Personne ne se soûle. Personne même n’élève la voix. Vous vivez de pain, d’eau et de pâte de haricots et vous prétendez être rassasiés. Comment cela se peut-il, d’un point de vue humain ? Est-ce que vous mentez ? Est-ce que vous vous mentez à vous-mêmes ?"»

L’homme, obsédé de son désir de retrouver la mère de l’enfant – dont il ne sait rien – le confie par intuition à la garde d’une femme, Inès, qui va le protéger, l’étouffer, l’aduler, le retirer de l’école où il n’apprend rien et se rebelle contre l’autorité du maître. Elle va se dresser contre l’administration qui veut envoyer l’enfant dans un établissement scolaire spécialisé. L’enfant est différent. Est-il exceptionnel, ou bien inadapté ? Inès croît en lui, Simon est partagé.

"Une enfance de Jésus" pourrait rappeler "La route", mais n’est-ce pas plutôt une métaphore de la foi ?
Alors, comme pour la foi, JM Coetzee laisse de nombreuses questions, sans aucune réponse : À nous de décider, à quoi nous voulons croire. Et débrouillez-vous tout seul, l’écrivain n’est pas Dieu…
MarianneL
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le 11 sept. 2013

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MarianneL

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