Un joli roman comme ça
On se croirait dans un film noir des années 5O. A commencer par les deux personnages centraux autour desquels se construit l'histoire : un scénariste quinqua noctambule un peu blasé, une blonde...
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le 6 févr. 2016
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De toute la soirée, elle n'avait pas prononcé une seule parole drôle
ou spirituelle. Ce qu'elle possédait, en revanche, apparemment, était
une espèce de désespoir, qui engendrait une forme différente, un genre
alternatif de séduction.
Lors d'une fête hollywoodienne, un scénariste à succès sauve de la noyade une jeune actrice sur le carreau. C'est le début d'une liaison entre lui, qui se croit indifférent aux artifices de "la cité des anges", et elle, qui n'est pas parvenue à s'y faire une place au soleil mais qui est incapable de s'en éloigner. Mais Hollywood, toujours évoqué en filigrane, va très brutalement reprendre ses droits...
Roberto Rossellini, Fred Zinnemann, Fritz Lang, John Huston, Richard Fleischer ou encore George Cukor, quand on lit la liste prestigieuse des noms de réalisateurs avec lesquels le scénariste Alfred Hayes a travaillé on se dit qu'il était un scénariste intéressant et avec du talent. Et on se dit ensuite qu'un bon scénariste peut être aussi un bon écrivain, d'autant plus qu'il connait très bien l'envers du décor. Et c'est le cas. Du moins, c'est ce que je me suis dit à la lecture de ce roman.
Les phrases sont courtes. Le style est direct, précis et tranchant. Ça se lit vite en conséquence. Ce qui ne fait que rendre les descentes aux enfers racontées ici encore plus vertigineuses et choquantes.
Le roman paraît très centré sur les deux protagonistes. On ne connaît pas leurs noms et leurs prénoms, juste elle et lui. Mais du point de vue de l'histoire, on est loin du doux rose bonbon du film de Leo McCarey qui porte ce titre-là en français. On est dans le noir absolu. Pas besoin de noms et de prénoms, de toute façon ce sont juste deux victimes, parmi tant d'autres, destinées à être broyées, d'une manière différente, par l'ogre hollywoodien.
Le roman paraît donc très centré sur les deux protagonistes, mais on sent toujours que Los Angeles est cachée dans l'ombre, à l'affût, prête à bondir sur ses proies.
Le lecteur ressent tout au long de la lecture une sensation de malaise, de sordide, qui atteint son point culminant lors d'un final d'une grande cruauté.
C'est incontestablement une oeuvre puissante, très sombre et horrible.
Créée
le 29 janv. 2018
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