Il y a eu beaucoup de romans de la rentrée littéraire de 2016 à évoquer, d'une façon ou d'une autre, le terrorisme et l'islamisme radical. L'insouciance de Karine Tuil, A la fin le silence de Laurence Tardieu, le dernier Salman Rushdie, et d'autres encore l’évoquent. Cette triste actualité ne pouvait que s'imposer à l'esprit des romanciers.
Eli Flory transpose cette inquiétude dans un monde qui s'éloigne du nôtre, mais qui se veut évidemment son reflet. Le livre est intriguant, plein de surprises, et prétend avoir un discours mais il va se retourner contre lui.
Dans ce roman Barbie existe, elle est bien réelle. Elle est en pleine dépression depuis qu'Elsa la reine des neiges lui vole la vedette et que Ken l'ait plaqué après être sorti du placard. Elle part en vacances dans un pays exotique, se changer les idées. Le dépaysement est un peu extrême, puisqu'elle se retrouve emprisonnée par Daech. Quittant sa petite vie de bimbo gâtée, elle va découvrir l'enfer d'une chambre où elle est retenue prisonnière entourée de femmes, victimes de terribles sévices.
C'est donc le contraste que vise Eli Flory. Le roman commence avec une ironie mordante sur le monde de Barbie, des stars et des apparences, avant de basculer progressivement dans le sordide. On comprend bien que la fiction rejoint la réalité, que ce que nous décrit Eli Flory pourrait être le témoignage d'une de ces victimes de Daech. Et cela aurait fait un très bon livre.
Mais, et c'est là où le livre fait une sortie de route, à mon avis, c'est quand il dresse une comparaison entre la société islamique, qui instrumentalise la femme, et notre société. Qui ne ferait guère mieux, en imposant la dictature de l'apparence, du paraître, pour mieux contrôler les femmes. Ce n'est pas entièrement faux. Cela peut nous amener à réfléchir. Mais c'est aller un peu trop loin dans la comparaison, utiliser Daech pour critiquer ce point n'est pas plus pertinents. Dommage.