« Une relation dangereuse » (« A special relationship ») (2003) est le 6e roman de Douglas Kennedy à 48 ans. Le titre original, « une parenté spéciale », est plus approprié que le titre français : c’est l’histoire d’un couple de journalistes qui se rencontrent lors des inondations dans la vallée de Juba en Somalie ; l’histoire est narrée par Sally Goodchild, 35 ans, correspondante américaine pour le Boston Post au Moyen-Orient, basée au Caire et qui rencontre Tony Hobbs, journaliste britannique (originaire d’Amersham dans le comté de Buckingham), 42 ans, au London Chronicle. L’histoire se déroule sans grande surprise : ils tombent amoureux, Sally, enceinte, se marient au Caire et partent habiter à Londres où Tony obtient le poste de chef du service étranger de son journal. L’originalité du livre est liée à la description du couple, d’abord de Sally, à travers sa grossesse, son accouchement par césarienne (une description épique !) puis sa dépression post-natale. Douglas Kennedy a bien su décrire son état psychologique, très réaliste et dont l’authenticité provient d’un gros travail de documentation. L’histoire bascule après le retour de Sally, ayant assisté aux obsèques du mari de sa sœur à Boston. On découvre alors l’autre facette de Tony qui jusqu’à présent avait le beau rôle (bien qu’ayant érigé « autour de lui un mur de Berlin émotionnel »), face à une épouse hystérique, dépressive, paranoïaque et rongée par la culpabilité. Cela se termine par un jugement concernant la garde de leur enfant, Jack, partie judiciaire, elle aussi, très bien documentée. Grâce à une juste et fine étude psychologique, l’auteur réussit à intéresser le lecteur et à maintenir son intérêt grâce à des situations peu prévisibles. Il y a, certainement, aussi, une part d’autobiographie dans le livre, Douglas Kennedy prenant comme porte-parole Sally, lorsqu’il est arrivé, lui aussi, à Londres. Il analyse donc le couple mais aussi Londres et les Anglais (« La grande différence entre « Yankees » et « Rosbifs », c’est que les premiers considèrent la vie comme une affaire sérieuse mais non désespérée, tandis que les seconds pensent qu’elle est sans espoir mais pas sérieuse du tout »). Il égratigne même la France à travers un film d’Éric Rohmer (1920-2010) : « il n’y a que les Français pour être capables de truffer de citations de Pascal un dialogue où un homme essaie d’emballer une femme ».