Foisonnant et british
Je reste décidément fan de cette auteure, et dans ce roman il y a tout ce que j'aime chez elle : une intrigue familiale bien construite, un humour british à souhait, une alternance de courts...
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le 9 juin 2015
3 j'aime
Une "Vie après l'autre" - qui aurait eu à mon avis avantage à être traduit plus littéralement "Vie Après Vie" - est un roman inégal, qui s'enlise et s'égare par moment et se révèle brillant à d'autres.
Son pêché originel tient à un manque de sobriété thématique. Le principe fondateur de l'histoire, soit celui d'une vie multiple dont chaque fin permet un recommencement, l'écriture d'une nouvelle page blanche, offrait un potentiel narratif foisonnant dont l'auteure ne s'est malheureusement pas contentée.
En première partie, au rythme des passages de vie à trépas de son héroïne, l'auteure parvient pourtant à tirer parti de l'essence même de son idée. Elle installe une poésie et une petite musique agréablement entêtante, qui n'est pas sans rappeler le mythique plan du radio-réveil qui retentit tous les matins du Jour sans Fin avec Bill Murray (déjà une variation sur ce même thème).
Mais par la suite, alors qu'Ursula parvient à l'âge adulte, le rythme s'essouffle. La découpage et l'enchevêtrement du récit devient indigeste et certaines phases de vie vraiment trop longues.
Les pages consacrées à la résilience londonienne lors du tristement célèbre Blitz sont excellentes, mais leur longueur et leur intensité font douter le lecteur; lit-il maintenant un roman historique sur la 2ème guerre mondiale?
A cela viendra encore se juxtaposer un volet allemand, plaçant Ursula sous les bombardements alliés cette fois et la mettant en position d'éliminer le Führer, effleurant ainsi LA grande question métaphysique de l'altération du passé et ses conséquences.
Enfin, j'ai trouvé dommage que malgré plus 600 pages Ursula ne devienne jamais une vieille dame. En fermant le livre, on la quitte en ne se souvenant d'elle que comme une jeune femmes aux prises avec les aléas de la guerre, ce qui est quand même regrettable pour un personnage qui renaît 12 fois de ses cendres...
Kate Atkinson a certes beaucoup de talent. Son roman a d'énormes qualités et vaut tout à fait le détour.
Mais à vouloir être à la fois saga familiale, fresque historique et réflexion métaphysique sur la linéarité ou circularité du temps, il reste au pied de l'autel des chefs-d'oeuvre, comme dévoré par sa propre ambition.
Bonne lecture.
Amitiés,
Dustinette
Créée
le 21 juin 2020
Critique lue 87 fois
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