"Vengeances" est un Djian mineur. D'ailleurs, on le soupçonne même d'avoir un peu bâclé le travail, au vu d'une fin certes fascinante avec ses béances quasi surréelles, mais quand même un tantinet facile. Mais "Vengeances" est quand même aussi une assez superbe illustration de ce fameux style que Djian prône... et place au dessus de l'histoire, voire même du "fond", du sujet. Car il se dévore avec une avidité qu'on réserve d'habitude aux best-sellers américains décérébrés, ravi qu'on est par ces mots malins, ces tournures joueuses, ces inventions permanentes qui permettent à Djian de nous passionner encore et toujours avec ses mêmes histoires de coucheries, de déroute amoureuse et de catastrophe familiale. Même si l'obsession des personnages de "Vengeances" pour l'alcool et les drogues n'amuse pas longtemps, Djian sait nous réjouir avec plusieurs sujets étonnants, comme cette problématique originale de la dégradation physique des oeuvres d'Art Moderne. Vite lu, sans doute vite oublié, "Vengeances" est néanmoins la preuve de la vitalité du talent de Djian.
PS: Belle BO, une fois encore, avec Wall of Voodoo, The National, Tuxedo Moon, Panda Bear, P.J. Harvey...