Que dire ? J’ai sous les yeux un long entretien où l’auteure tente de présenter son livre. Il y est beaucoup question d’espace, d’urbanisme, de la place de l’espace dans nos vies et nos amours… Ce serait le personnage central du roman ? Celui qui a donné son nom à l’ouvrage ? Je ne suis pas certain d’avoir lu ce livre-là.
J’y ai surtout vu un jeune couple qui fait l’apprentissage de la vie… de couple. Lui, Luc, ingénieur fraichement sorti de l’école débute dans son premier emploi. On ne sait pas grand-chose sur lui, sinon qu’il n’a pas voulu reprendre la suite de son père dans l’entreprise familiale. Il parait pragmatique et rationnel. Elle, Chrystelle, aux antipodes de son compagnon, est en perte d’équilibre constant depuis la disparition de son père, velléitaire dans ses études, idéaliste dans ses idées, à la recherche de sa voie.
Sans s’en rendre compte c’est un peu de la solidité et de la protection paternelles qu’elle sollicite et qu’elle apprécie chez Luc. Mais avec l’enthousiasme de la jeunesse, elle s’enflamme pour de grandes causes qui paraissent utopistes aux yeux de Luc le positiviste. Leurs chemins s’éloignent-ils pour mieux se retrouver ?
Dans son premier roman, "Géographie d'un adultère", Agnès Riva analyse un adultère à travers l'espace et le temps alors que dans ce second roman "Ville nouvelle", Chrystelle est animée par un désir de construction et de bien-être, qui lui fait espérer la continuité des jours heureux avec Luc.
L’écriture est fluide et rapide. Les personnages sont bien présents, tout particulièrement Chrystelle si humaine avec ses multiples défauts, ses incertitudes, ses hésitations et ses renoncements.
Ils s’aiment, ces deux-là ? C’est plus compliqué que ça, comme dans la vraie vie, non ? Laissons la folle-passion à la littérature sentimentale : « Sa relation avec Luc n’a jamais été le théâtre de grandes passions. Les déclarations enflammées, les déchirures, si elle doit les connaître un jour elle pressant que ce sera ailleurs, sur une autre scène que la leur. […] Maintenant qu’elle n’avait plus de parents, il était la seule personne dont la vie et la mort lui importait, qui lui inspirait une réelle compassion. N’est-ce pas ça l’amour, se demanda-t-elle, éprouver soudain de la peine à l’idée de la mort de quelqu’un d’autre que soit ? »
Néanmoins on l’aime bien Chrystelle l’instable, de même que Luc, le raisonnable qui devra faire preuve de beaucoup de tolérance et de sagesse pour construire les bases d’un futur commun.
Et la ville nouvelle, dans tout ça ? C’est la toile de fond sur laquelle ils se trouvent comme en surimpression, une sorte de copier-coller qui n’arrive pas à s’enraciner.
Un bon roman-détente psychologiquement bien vu.