Dans le futur proche, une bande de mafieux sud-américains doit se rendre à Vostok pour retrouver une information nécessaire à leur activité. Vostok est la base scientifique russe située en antarctique, abandonnée depuis une vingtaine d’années. Accompagnée d’un des derniers scientifiques ayant peuplé la base, l’expédition, en plus des difficultés techniques inhérentes au milieu polaire, se heurte aux problèmes causés par sa composition hétéroclite.
Trois ans après l’exceptionnel Anamnèse de Lady Star, l’un des deux auteurs revient dans le même univers pour nous proposer un roman radicalement différent, aussi bien dans la construction que dans la narration. A l’opposé du récit brouillé et morcelé d’Anamnèse... , Vostok est un roman linéaire se déroulant sur quelques mois avec un personnage central, interrompu seulement par quelques flashbacks consacrés à l’histoire de la station polaire. Se dégageant d’un décor SF pourtant intéressant (l’avenir promis par l’auteur est particulièrement bien pensé), le roman se transforme en huis-clos entre une dizaine de personnages coincés dans la base, chargés de remettre en marche le système de forage afin de résoudre l’énigme.
Passionnant par l’exploration de ce décor rarement exploité en littérature, addictif par son style direct et son intrigue en forme de chasse au trésor, Vostok souffre de quelques légères faiblesses. Tout d’abord, ses personnages : Léonora, l’adolescente, ne parle jamais de son corps, à un âge ou cela devrait pourtant occuper une partie de ses pensées ; elle est trop lisse et trop forte. Un autre ne semble là que pour une scène tragique qui, malheureusement, m’a irrémédiablement fait penser au film Les bronzés font du ski. On peut aussi se poser des questions sur l’intérêt de la présence du Ghost. Enfin, les bandits sud-américains sont des archétypes à la limite de la coquille vide. Ensuite, cette intrigue linéaire est bien plus abordable que les productions habituelles des Kloetzer, seul ou en binôme, et je regrette presque de ne pas avoir fait souffrir mes méninges en le lisant. Mais cela est bien mineur et ne devrait gêner que peu de lecteurs qui se laisseront happer par cette base de l’antarctique.