Vous pensez faire attention à ce que vous mangez ?

Si c'est le cas, l'auteur de ce pamphlet va allègrement piétiner vos convictions et surtout confirmer vos pires soupçons sur l'industrie alimentaire. Pour moi c'est l'un des principaux atouts de ce livre d'ailleurs, il en existe déjà bien trop du genre par des nutritionnistes, des cuisiniers, des écolos (sans remettre en cause leur talent ou leur savoir), mais là on a l'équivalent d'une taupe. Il ne citera pas directement les grands groupes pour lesquels il a travaillé, mais les indices sont là pour comprendre la moitié du temps.


Sans être un grand écrivain en devenir, je dois dire que j'ai apprécié son style direct et percutant, plein de cynisme et d'humour noir, parfaitement adapté à l'industrie dans laquelle il a passé vingt ans de sa carrière. L'ouvrage est relativement court et se lit en quelques heures, mais il a la mérite d'être fort bien construit et équilibré, découpé en paragraphes clairs qui abordent moult sujets très différents. Historique des scandales sanitaires à travers l'Histoire, exemples nauséeux de bidouilles infâmes en Chine, visites d'usines qu'il a effectuées, réunions au sommet avec sa hiérarchie, contrôles sanitaires, association de consommateurs, c'est bien simple, tout y passe. Ceci ne permet évidemment pas de creuser tous les sujets, mais pour moi l'auteur à le mérite de pousser ses lecteurs à se renseigner, à s'indigner, en donnant juste assez d'informations pour nous faire comprendre le fonctionnement de cette industrie et comment la changer.


Nous sommes ce que nous mangeons, une phrase en apparence un peu simplette que j'avais déjà entendue des dizaines de fois, mais qui sonne terriblement vraie une fois le livre refermé. Cellule par cellule, notre corps se régénère à partir de notre alimentation, alors si on se contente de gras et de sucre, on va forcément au devant de problèmes dramatiques. Je suis pourtant ce qu'on appelle communément un bon vivant, j'aime la viande, j'aime la bonne bouffe, et je ne compte pas devenir végétarien, ça semble de toute façon dérisoire au vu des trafics effectués sur les légumes également. Non, l'important est plutôt de privilégier les circuits courts, la qualité, de payer les choses au bon prix, de ne pas croire une seule seconde que les hypermarchés défendent les consommateurs, en bref c'est à nous de montrer concrètement que nous favorisons une alimentation plus saine au lieu de se laisser endormir par de beaux discours et de beaux emballages.


Je préfère ne même pas spoiler les "meilleurs" passages, je pense qu'il est plus intéressant de le découvrir par soi-même. Sachez simplement que vous comprendrez en détails pourquoi les plats cuisinés sont si mauvais, pourquoi les sous-marques portent bien leur nom, pourquoi vous avez pu vous sentir mal après avoir mangé une quelconque préparation industrielle au goût pourtant agréable. Vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas quand vous cèderez à un quelconque fast food, ou de façon générale à la facilité, qui comme l'explique l'auteur est le fléau de toute notre alimentation, du producteur au consommateur. Si comme moi le fameux "il faut bien mourir de quelque chose" vous irritait profondément mais que vous n'aviez pas forcément les arguments concrets pour le démolir, l'auteur vous en donne ici des brouettes entières, il n'y a qu'à ramasser.


En conclusion, j'ai refait mes courses dans un hypermarché après avoir fini le livre, et autant dire que la composition de certains aliments que j'avais l'habitude d'acheter m'a fait bien peur: sirop de glucose-fructose, colorants, conservateurs, additifs, arômes inutiles, huiles diverses fortement déconseillées, allez hop poubelle, je n'achète plus. J'ai pris la résolution de manger un peu moins pour compenser la différence de prix qu'il y a à acheter de la meilleure qualité, du bio, du local, et surprise, ça semble plus que faisable. Histoire d'être honnête jusqu'au bout, je mettrai cette critique à jour dans quelques mois pour indiquer si ce changement a eu une quelconque incidence sur ma vie ou ma santé.

blazcowicz
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le 7 août 2016

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blazcowicz

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