À l'absente est un vibrant hommage à Florence Malraux, figure majeure du XXème siècle littéraire. Martine de Rabaudy dresse un portrait tendre, intime, délicat d'une passionnée de culture, souffleuse de Jean Vilar, présidente de l'Avance sur recettes du Centre national du cinéma, jurée de prix littéraires, fille adoptive rêvée d'Hemingway. Florence Malraux n'était pas que fille d'André et Clara Malraux, amie de Françoise Sagan, de Jorge Semprún, intime des plus grands représentants de la Nouvelle Vague, elle était bien plus. L'autrice la résume d'un mot : "accompagnatrice".
Ce livre n'aborde pas seulement la vie hors-norme d'une femme exceptionnelle. C'est aussi, au début, un livre sur le Père. L'ombre portée écrasante d'André Malraux recouvre la première partie. Comment être fille d'André et Clara Malraux ? Comment ne pas se limiter à cela ? On y découvre un Malraux absent, froid, mais aussi tendre à l'occasion. Il écrira à sa fille pour ses 10 ans :
"Je te souhaite toutes les choses magnifiques que tu voudrais que l'on te souhaite que je ne connais pas mais que toi tu connais."
Surtout, À l'absente décrit la maladie de Charcot, le lent déclin du corps et la proximité de la mort. Ce livre est la deuxième entrée de cette maladie terrible en littérature après le Journal de Matthieu Galey. Une maladie lente, progressive, rongeant petit à petit le corps, ne laissant que l'esprit intact. À certains égards, À l'absente ressemble au Lambeau de Philippe Lançon, le premier décrivant l'éloignement progressif de la vie, le second le lent retour à elle, les deux évoquant l'inévitable rapport au corps.
À lire absolument.