Avec une grande capacité d'abstraction, n'importe qui doit être capable de trouver ce livre génial. Pour les plus radicaux munissez-vous d'une bonne paire de ciseaux. Allez-y virez moi ce roman qui alourdit l'ensemble. Chacun des chapitres lourdauds. Au pire lisez-le d'un oeil distrait. Ce que vous y verrez, rien qu'un auteur s'auto-parodiant. Ce fameux Chuck Palahniuk qui s'enlise dans ce qu’il sait déjà faire, sans chercher à ne dépasser aucune limite.
Pour résumer ce qui tient lieu d'histoire. Le pitch. Un groupe de personnes va s'enfermer dans un ancien théâtre pour concevoir l'œuvre de leur vie. Puis, le tout vire dans le stage de survie en milieu hostile. Vague dénonciation de la télé réalité.
Les personnages sans consistance vagissent, chouinent, se mutilent et meurent. Sans que personne, et surtout pas le lecteur, s'en émeuvent. Bizarrement on a envie de dire que pour un livre, les effets spéciaux sont franchement ratés. Le sang c'est du ketchup. Les doigts coupés de la patte d'amande. Le reste se contente d'un budget de série B, les acteurs, mal payés, surjouent leur rôle. Les décors sont en cartons pâtes.
Pour du Chuck, qui a nous habitué au lyrisme, au foisonnement, à l'excès jusqu'à l'outrance, signer là, un récit aussi linéaire, simpliste, c'est juste triste.
Pour autant, l'ouvrage ne se contente pas de cette mièvre histoire. Il s'agit d'un fin fil rouge qui relit entre elles des nouvelles.
Car le cœur de l'œuvre se situe là, dans les nouvelles. Chuck renoue avec l'originalité de son écriture particulière, si dynamique. La singularité des situations. Une géographie humaine de l'inconscient. Un truc brutal, vif et viscéral. Toutes les nouvelles n'ont pas la même puissance, mais aucune ne cherche le facile, le complaisant.
Voilà, il faut avoir un grand sens de l'abstraction. Juste pouvoir considérer ce bouquin uniquement comme un recueil de nouvelles. Point barre.