À l'ombre des jeunes filles en fleurs par ngc111
Ce deuxième tome du gargantuesque récit de Marcel Proust réserve de magnifiques moments de lecture.
Tel un chirurgien de l'âme humaine, l'auteur dissèque avec une précautionneuse précision ce qui se cache derrière le cerveau de l'homme. Il ponctionne alors les envies, les amours, les désirs, les frustrations... chaque état émotionnel possiblement ressenti est examiné au microscope du génial écrivain.
Comment ne pas s'extasier devant la façon dont il parle de l'Art, de la mer et ses paysages environnants, des filles et de cette irrégularité dans son amour. Cet amour où la Beauté peut se poser sur chaque silhouette féminine croisée, lui allouant des vices inexistants, confondant l'auteur de telles pensées dans une image fausse et instantanée qui évoluera, mouvra et au final provoquera de l'incompréhension.
Ce second volume est aussi l'occasion de croiser des personnages importants pour le jeune Marcel, tels M. Norpois, Bergotte, le peintre Elstir (dont la description de la femme est un des grands moments du récit) et puis bien sûr les filles de la "bande" (Albertine, Andrée, Rosemonde...). L'occasion de parler des déceptions ressenties après l'attente (le théâtre), le bien-être lors du voyage en train, cette vie mondaine où les simagrées et le paraître génèrent un ridicule dans lequel s'enivrent et se complaisent les différentes personnalités. Les évènements mineurs que vit le garçon prennent une dimension d'une incroyable sensibilité grâce à la plume de écrivain.
La vie à l'hôtel est finalement passionnante, évolue de manière perceptible, la chambre du jeune homme auparavant hostile, se révélant finalement un endroit baigné de soleil et de quiétude. Ce sont tous ces moments d'extase littéraire que l'on recherche chez cet auteur et que ce tome nous fournit à la pelle, avec des baisses de rythme et d'intensité (pas dans l'action mais bien dans le plaisir), certes fréquentes voir décourageantes, mais qui n'empêchent pas de se retourner sur cette lecture et de mesurer la jouissance qu'elle nous a procurée.
L'on comprend alors pourquoi ce livre a été primé du Goncourt 1919. Proust semblait bel et bien un auteur à part dans ce 20e siècle où son génie et son talent, sa subtilité (ponctuée de quelques traits d'humour que l'on aimerait plus nombreux d'ailleurs) le place parmi les grands écrivains des siècles précédents qui semblent lui correspondre bien mieux.
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