La vie est faite pour aboutir à un beau livre
Ceci n’est pas une critique à proprement parler. Comment pourrais-je en faire une ? C’est un hommage, histoire de laisser une trace de cette lecture : de ce moment que j’ai passé avec Proust. Comme me le disait mon ami, en me conseillant de relire Du côté de chez Swann, « Proust est un architecte » He bien, il a mille fois raison. C’est d’ailleurs dans ce premier volume que j’ai lu pour la première fois un extrait de Proust, oui, le fameux extrait de la madeleine. J’en ai longtemps gardé le souvenir avant de me décider à enfin lire la recherche du temps perdu entièrement. L’aristocratie du XXème siècle, Dreyfus, la guerre… oui, et surtout l’écriture, la littérature, l’art, l’amour, la souffrance et le sexe. Combray, Balbec, Venise ou les Champs-Elysées. Ma grand-mère, ma mère et surtout, le temps perdu et le temps retrouvé.
De mi-mai à mi-aout, j’en ai bouffé du Proust. Ou plutôt j’ai pensé à son roman, je le lisais, je l’ai même rêvé. Cette réflexion, toujours en évolution, toujours en suspens, au gré des émotions, des découvertes et des rencontres qui les nourrissent. Ces rencontres, il en fait une peinture à la fois charmante, drôle, tendre, critique, compréhensive. Des Champs-Elysées sous la neige on passe à cette procession de jeunes filles au bord de la plage de Balbec, alors que le narrateur entre dans le monde. Son aventure avec Albertine, qu’il finit par comparer avec celle de Swann. On se retrouve alors dans une description tendue, et maladive de la jalousie. Et puis l’homosexualité finit justement par être la préoccupation du narrateur, alimenté d’ailleurs le leitmotiv de Charlus. La méfiance ayant remplacé la complicité pour les deux partis, l’un par déception l’autre par défiance, le jeu du chat et de la souris commencera, ne résultera et n’aboutira qu’à un échec funeste. Il s’agit à ce moment plus d’oublier que de retrouver le temps perdu. Mais ayant acquis une forme d’indépendance, se pose la question de l’écriture, par le renoncement, puis par les réflexions selon laquelle l'existence est le premier matériau d’une œuvre d’art. Ce n’est peut-être pas alors le monde, qui est fait pour aboutir à un beau livre, mais la vie, justement.
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