Critique de Adieu Zanzibar par Cyril T
Lecture en parallèle de Paradis et Adieu Zanzibar, deux romans pour découvrir Abdulrazak Gurnah, prix Nobel de littérature 2021 :Paradis m’a d’abord laissé quelque peu sceptique. Ce roman...
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le 5 nov. 2022
Lecture en parallèle de Paradis et Adieu Zanzibar, deux romans pour découvrir Abdulrazak Gurnah, prix Nobel de littérature 2021 :
Paradis m’a d’abord laissé quelque peu sceptique. Ce roman d’apprentissage mettant en scène le jeune Yusuf, vendu par ses parents à un riche marchand pour payer des dettes, est certes intéressant par sa façon de raconter un monde rarement représenté dans la littérature : l’Afrique de l’Est juste avant les incursions des colons européens. Loin d’en faire un paradis perdu, Gurnah évoque néanmoins avec beaucoup de vivacité au travers de Yusuf cet univers déjà mondialisé, fréquenté depuis longtemps par de nombreux travailleurs indiens et par les omanais qui y ont installé des sultans et apporté l’Islam, un univers où l’esclavage est une donnée constante et où le pressentiment de l’arrivée des Anglais et des Allemands sème l’inquiétude. Mais l’intrigue quelque peu linéaire et l’écriture assez plate m’ont semblé manquer d’ambition pour un Nobel…
A l’inverse, Adieu Zanzibar m’a embarqué dès les premières pages. Question d’abord de traduction (cette fois-ci signée Sylvette Gleize) ou d’évolution du style de Gurnah, qui y est beaucoup plus poétique, assumant et citant de nombreuses références littéraires. Question aussi d’amplitude du récit, qui embrasse plusieurs décennies au travers des histoires d’un colon anglais amoureux d’une tanzanienne dont la famille lui a sauvé la vie, puis de celle de Rashid et Amin, deux frères dont le premier réussira à partir pour une autre vie, en Angleterre, tandis que le second restera au pays, plombé par une peine de cœur irrémédiable. Deux histoires évidemment liées, de manière un peu artificielle peut-être mais au sein d’une narration puissante et modulée, suivant une construction beaucoup plus élaborée et changeante que celle de Paradis, liant les exils des uns aux échecs des autres dans une grande fresque désenchantée qui court des prémisses de la colonisation à l’indépendance.
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le 5 nov. 2022
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