Adolphe y t'largue
Adolphe, pilier du romantisme. Une écriture d'une concision incroyable, un roman semblable à un long résumé. Adolphe, héros torturé. Soit. Adolphe confronté à un amour difficile. Soit. Mais là où...
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le 1 janv. 2013
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Je ne savais pas alors ce que c'était que la timidité, cette
souffrance intérieure qui nous poursuit jusque dans l'âge le plus
avancé, qui refoule sur notre cœur les impressions les plus profondes,
qui glace nos paroles, qui dénature dans notre bouche tout ce que nous
essayons de dire, et ne nous permet de nous exprimer que par des mots
vagues ou une ironie plus ou moins amère, comme si nous voulions nous
venger sur nos sentiments mêmes de la douleur que nous éprouvons à ne
pouvoir les faire connaître.
Adolphe (à une époque où ce prénom n'était pas un boulet à porter... c'était la vanne pourrie du jour !!!) est un jeune homme de 22 ans qui par vanité d'esprit décide de séduire Ellénore, qui a dix balais de plus et qui est déjà maquée. Ça va marcher beaucoup trop bien. Elle va développer une dépendance affective. Lui ne peut pas aimer, mais la faiblesse et la pitié vont le faire rester pour son malheur et celui de sa compagne...
C’est un affreux malheur de n’être pas aimé quand on aime ; mais c’en
est un bien plus grand d’être aimé avec passion quand on n’aime plus.
Benjamin Constant, pour son seul roman achevé et c'est dommage, qui a beaucoup plus traîné dans les cimes de la politique et du philosophique que dans celles du roman, vise l'épure la plus totale pour se concentrer uniquement une étude psychologique, exclusivement du point de vue d'Adolphe, si on excepte le prologue et l'épilogue. Pas de superflu, pas d'à-côtés, juste une analyse psychologique d'un amour à sens unique du point de vue de celui qui n'aime pas... Les autres personnages, dont on ne connait que le minimum nécessaire (même jusqu'au nom !!!), ne sont qu'introduits que quand ils servent directement à faire avancer l'intrigue.
Ce qui fait que cet ensemble, qui mélange réflexions subjectives et ensuite réflexions objectives, n'est pas trop encombré par l'époque pendant laquelle il a été écrit, et reste profondément intemporel par sa grande justesse et sa grande finesse. Le style est très beau en même temps que fluide et efficace. Une belle réussite qui fait regretter que son auteur n'ait pas eu une carrière de romancier plus prolifique.
En vain l'on s'obstine à ne consulter que son cœur ; on est condamné
tôt ou tard à écouter la raison.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 11 mai 2016
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