Mettre un coup de cœur à un 6/10 ça demande des explications....
Marc Trévidic n'est pas romancier (et ça se voit) mais est juge antiterroriste et maîtrise son sujet (et ça se voit aussi ).
Dans ce roman on rencontre Paul, un artiste français en quête de sens et de calme, qui s'installe en Tunisie. Il y rencontre une famille à laquelle il se lie. Très vite il se rend compte que les jumeaux Ahlam et Issam ont du talent et il les forme. Or le printemps arabe mettra fin à ses ambitions car l'un et l'autre choisirons un chemin opposé.
Le premier problème c'est le manque de style. J'ai trouvé les phrases bancales et parfois plates. Certains dialogues sonnent creux.
Le second problème est la narration. Le début du roman est assez mal ficelé. L’installation de Paul sur l'île est trop vite expédiée. On ne comprend pas trop les motivations du personnage ni le personnage lui même. Les événements vont trop vite pour qu'on puisse vraiment en saisir les enjeux. On sent que l'auteur avait hâte d'arriver à ce qui l’intéresse, le printemps tunisien et ces conséquences. Le premier tiers du roman donc assez bancale. De plus la fin est très prévisible.
le troisième problème, et mon plus grand regret est le personnage de Paul qui est peu approfondi et auquel je n'ai pas pu m'attacher. Pourtant c'est autour de lui que se cristallise les tensions de la famille et par extension de la société tunisienne. Il devait, je pense, symboliser le rapport à l'occident. Mais malheureusement ce n'est pas assez développé et les personnage manque de cohérence. Les brides qu'il nous donne de son enfance et de ses espoirs auraient pu faire de lui un personnage fabuleux. C'est dommage, l'idée était superbe mais à mon gout pas exploitée à fond.
Mais là où Marc Trévidic excelle, et ce pourquoi je lui donne mon coup de cœur, c'est dans son analyses du basculement vers la fanatisme ou l'activisme. Il décrit les mécanismes et les étapes avec un précision affolante. Il interroge les choix de chacun et ce qui fait choisir un camp plutôt qu'un l'autre. On comprend que malheureusement le terrorisme ne s'explique pas que par un milieu familiale défavorisé ni par un embrigadement dès l'enfance. Il nous pousse à revoir notre jugement et à malheureusement comprend que le choix du terrorisme n'est pas l'apanage uniquement de déséquilibrés et de déshérites. il expose aussi la rhétorique des islamiste notamment celle sur l'art.
J'ai donc mis un coup de cœur à ce roman car il traite d'un sujet difficile avec beaucoup clarté et de lucidité, pour ça je le recommande ! Mais il m'est difficile mieux le noter au vu de ses qualités littéraires moindres.