Mains coupées
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Appollinaire... Je l'avais découvert grâce à Léo Ferré, et c'est avec une grande curiosité que j'ai plongé dans son livre le plus connu, ainsi que le plus influent. D'emblée, une véritable ambition se dessine: de nouvelles ouvertures vers d'autres formes de poésie. Ainsi, le poème "les fiançailles", qui est pour moi son chef d'oeuvre, résume tout à fait son but: varier les styles, pour accaparer l'attention certes, mais surtout pour montrer la diversité des sentiments, des ressentis, et finalement illustrer l’ambivalence des émotions. Ainsi, même si l'humeur générale reste sombre, il y a des pointes de gaieté, qui ne se signalent que dans les poèmes dédiés à la Mort. Appollinaire est d'ailleurs un champion en la matière de poèmes sur la Mort ! Absence de ponctuation, langage plutôt courant, très ancré en son siècle (surtout sur son dernier poème parlant de Paris: très vieilli, et très ennuyeux...), cela contribue à une certaine modernité, et surtout un sacré souffle de renouveau sur les poussières littéraires ! Il nous livre donc ses joyaux: "La chanson du mal-aimé" ou "Marie" (Je passai au bord de la Seine/ Un livre ancien sous le bras/ Le fleuve est pareille à ma peine/ Il s'écoule mais ne tarit pas/ Quand donc finira la semaine ? ...), découvertes grâce à l'ami Léo, mais aussi "Hôtels", très simple mais très clair, "La maison des morts", "Mai", le sublime "Brasier"... Un beau nombre d'entre eux sont remarquables. Seulement voilà ! Il y a un défaut très courant dans les recueils de poèmes, c'est qu'on ne lit jamais toutes les pièces dès la première lecture. Et cela se comprend: un poème se prend selon l'envie, il n'y a aucune contrainte d'intrigue, il demeure un plaisir éphémère destiné à rester éternellement sur la langue. Le problème d' "Alcools", c'est qu'il y a quelques poèmes qu'on n'a pas envie de lire tout court, comme celui lu pour le mariage de son pote Salmon, ou "les femmes", et puis je trouve "Le pont Mirabeau" surestimé.
Toujours est-il que je conseille fortement ce brave bouquin, pour son audace et son inspiration qui transpire la fraîcheur. Rien n'est mort que ce qui n'existe pas encore/ Près du passé luisant demain est incolore !
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le 4 mars 2017
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