Alors Voilà – Les 1001 vies des urgences, c’est l’histoire du blog d’un jeune interne urgentiste dans un hôpital de province (Baptiste Beaulieu) devenu un essai-roman sous l’impulsion d’un éditeur (Fayard) ayant fleuré le bon coup marketing.
Si j’avais plus ou moins entendu parler d’Alors voilà à l’automne 2013 lors de sa sortie dans les bacs (après que le blog éponyme eut fait l’objet d’un buzz dithyrambique dans la presse écrite), c’est en fait au gré d’une promotion Kindle que je me suis laissé tenter par curiosité ; étant un fan inconditionnel d’Urgences et autres Grey’s Anatomy. Autant dire que le livre de Baptiste Beaulieu a dépassé toutes mes attentes.
La trame principale (on suit sept jours durant Baptiste Beaulieu dans sa vie d’interne aux urgences) est en fait un prétexte pour relater d’innombrables anecdotes sur la vie de l’hôpital, qu’il s’agisse des soignants, des patients ou de leurs familles. On suit ainsi avec bonheur la petite troupe d’internes et de leurs supérieurs (Amélie, Frottis, Blanche, Poussin, Anabelle, Chef Pocahontas, Chef Gueulard…) .On passe du rire -avec les bourdes des internes- (celle qui prend par erreur un somnifère en lieu et place de sa pilule juste avant de prendre sa garde, celle qui effectue par erreur un toucher vaginal avec une solution hydro-alcoolique…) aux larmes -avec le décès des patients dont on fait la connaissance au gré des trois cents et quelques pages du livre-. L’amour, la mort, la vie… concentrés en sept jours. C’est la plupart du temps drolatique, souvent poignant et toujours écrit avec plein d’esprit et de sensibilité. En un mot, on ne décroche pas du début à la fin.
Le seul bémol provient peut-être du travail éditorial autour des anecdotes relatées par Baptiste. Comme il le précise en introduction, toutes les consultations et anecdotes dont il se fait l’écho sont authentiques et ont été inspirées tant par son expérience personnelle que par ses collègues et patients. Mais évidemment, si le livre de Baptiste Beaulieu s’était contenté d’être un simple recueil des meilleurs billets de son blog dans lequel on aurait pu picorer à l’envie, il aurait sans doute été moins vendeur. L’éditeur a donc vraisemblablement cru bon de donner pour consigne à son auteur d’imaginer un fil conducteur au récit de l’ensemble de ces anecdotes. Il s’agit bien évidemment des sept derniers jours de la vie de la « femme-oiseau-de-feu » hospitalisée au service des soins palliatifs. Certains lecteurs se sentiront dès lors un peu perdus (ou floués) puisque le récit navigue en permanence entre réalité (les anecdotes) et la fiction de l’unité de temps pour les besoins de la narration (même si celle-ci est inspirée d’expériences réelles). C’est peut-être là la limite de l’exercice consistant à vouloir transformer un blog en essai-roman. À titre personnel, je trouve néanmoins que c’est précisément ce fil conducteur qui fait d’Alors Voilà – Les 1001 vies des urgences un véritable « page-turner » comme le disent si bien nos amis anglo-saxons. C’est en effet le sort de la « femme-oiseau-de-feu » qui finit par capter toute l’attention du lecteur et le pousse à dévorer le livre jusqu’à sa dernière page pour connaître son dénouement, tout en passant par quelques twists narratifs bien sentis.
Instructif, drôle, émouvant, poignant, Alors Voilà – Les 1001 vies des urgences est une véritable réussite ! A découvrir de toute urgence!