J’ai lu American Psycho à l’âge de 18 ans, autant vous dire que j’ai pris une bonne gifle. Outre la violence, un des thèmes qui m’a profondément marqué est l’apologie de la drogue auquel l’ouvrage se consacre. Cocaïne, Ecstasy, Lithium, Valium, Xanax, Crack, il y en a pour tout les goûts. Le livre prend le parti de décrire Wall Street et Manhattan comme un lieu de débauche. Les longues scènes de descriptions nous laissent presque imaginer les effets sur notre organisme.
Pareillement, l’ouvrage fait un focus sur le succès et la réussite de manière générale. Patrick Bateman reprend tous les codes du jeune américain diplômé d’une des meilleures universités, possédant déjà un bureau d’angle en plein Manhattan et un appartement dans l’Upper East Side. Alors oui, lorsqu’on lit American Psycho, on idolâtre un peu le personnage principal malgré ses traits surréalistes jusqu’à ce que les choses dérapent pour de bon. On est également confronté à l’échec en permanence puisque pour obtenir un Patrick Bateman, il faut sacrifier un bon nombre de perdants. L’auteur nous montre avec précision comment la compétition est omniprésente et toxique parmi les notables de la grosse pomme.
Le livre n’est pas évident à terminer car même si celui-ci n’est pas extrêmement long (450/500 pages selon l’édition), il y a plusieurs passages très lents ou l’on a droit à des descriptions minutieuses d’albums de Whitney Houston ou encore des Beach Boys. Néanmoins, cela permet de faire le paradoxe entre un personnage qui manifeste plus d’intérêt pour les 33 tours et les films pornographiques que pour ses semblables.
Enfin, difficile de ne pas être happé par le thème principal qui oscille entre haine, violence et torture. Certains passages sont tout simplement époustouflants de réalisme, ce qui les rend tout aussi terrifiants. L’adaptation filmique m’avait donc un peu déçu puisque j’avais lu le livre auparavant. Moins trash, moins gore, en bref moins psycho mais on ne peut pas reprocher au réalisateur d’avoir censuré certaines scènes probablement infilmables.
Je trouve également le dénouement très intéressant puisque l’on ne l’entrevoit pas au cours du livre étant persuadé d’une chose ; si Patrick Bateman torture et tue, il mérite un châtiment. Mais peut être a-t-il déjà reçu son châtiment, celui d’être tout simplement insensible et immoral.
En résumé, un des ouvrages que j’ai le plus apprécié depuis que j’ai commencé à lire des livres qui ne m’étaient pas imposés par ma professeure de français. Je recommande vivement, en ajoutant simplement une mention spéciale : « Âmes sensibles, s’abstenir ».