"Abandonne tout espoir, toi qui pénètres ici."
Commencer le livre avec une citation de l'Enfer, de Dante Alighieri, c'est déjà en soi osé; et l'attribuer au mur d'une banque, c'est sympathique.
Passons, évitons d'entrer dans les détails. Vous savez que Patrick Bateman est un yuppie et qu'il aime tuer, autant qu'il aime acheter des choses chères.
Le livre est matérialiste, certes, surtout au début. Cela peut par ailleurs paraitre lourd, néanmoins c'est essentiel car le livre est écrit à la première personne et que Patrick pense ainsi.
Derrière ce masque matérialiste se cache néanmoins des faits, des réflexions, qui sont tout à fait géniales quant à un mode de vie particulier, à un état d'esprit déclinant lentement dans la folie. Les situations ne sont jamais anodines, même ces rendez-vous expédiés en 2 pages.
Dans American Psycho, vous allez accéder à une descente en enfer, et en folie, de Patrick Bateman qui néanmoins perd goût à tout ce qu'il fait. La fin est d'autant plus fataliste qu'elle est similaire à la scène du début de livre. Et cette image est renforcée par l'inscription "Sans issue" décrite par Bateman. Bref, rien n'est anodin.
Quoi qu'il advienne, ne prenez pas ce livre de façon trop "superficielle", si j'ose dire. Ne vous limitez ni au matérialisme, ni aux anecdotes; et allez suffisamment loin pour apprécier des citations assez intéressantes telles que celle sur laquelle je vais vous laisser, car ce livre est sans aucun doute une représentation parfaite du désabusé contemporain:
"Il ne m'était jamais, jamais venu à l'esprit que les gens pussent être bons, ou qu'un homme pût changer, ou que le monde pût être meilleur au travers de ce plaisir que l'on prend à tel sentiment, telle apparence ou tel geste, à recevoir l'amour ou l'amitié de son prochain. Rien n'était affirmatif, le terme de "bonté d'âme" ne correspondait à rien, c'était un cliché vide de sens, une sorte de mauvaise plaisanterie. Le sexe, c'est mathématique. L'individualité n'a plus lieu d'être. Que signifie l'intelligence ? Définissez ce qu'est la raison. Le désir...un non-sens. L'intellect n'est pas un remède. La justice, morte. La peur, le reproche, l'innocence, la compassion, le remords, le gaspillage, l'échec, le deuil, toutes choses, toutes émotions que plus personne ne ressent vraiment. La pensée est vaine, le monde dépourvu de sens. Dieu ne vit pas. On ne peut croire en l'amour. La surface, la surface, la surface, voilà ce dans quoi on trouve une signification ... C'est ainsi que je vis la civilisation, un colosse déchiqueté."
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