"Amok ou le fou de Malaisie"
Zweig dans toute sa splendeur ! Une plume aiguisée et tranchante mais toujours poétique. Encore une fois Zweig nous emporte sur un terrain analytique de la psychologie, de cette manière toujours aussi passionnée que dans La lettre d'une inconnue et La ruelle au clair de lune, et toujours plus vers les confins les plus intimes de l'être. Dans Amok un vieillard dépeint sa propre infortune à un inconnu, son secret qui n'est finalement pas le sien. Un secret qui est avant tout une promesse, qui le rendra fou. Et, le plus tragique et sans doute ironique, est que ce secret enfouit qui l'aura rendu "amok", il l'aura révélé au narrateur, l'étranger du navire qui dit "je ne savais plus si cette haleine était la mienne ou si c'était les battement lointain du navire ; j'étais emporté et anéanti dans le murmure continuel de la minuit." En révélant son secret le vieillard aura ainsi trahit sa promesse qui l'aura rendu fou, effrayé et dégouté du rire de l'homme. L'amertume de cette révélation se perçoit, car sa folie dans cet aveu perd tout son sens.
Zweig encore une fois érige dans cette nouvelle des portraits de personnages riches et si mystérieux, qui en deviennent tangibles, et éveille la sensibilité du lecteur comme si elle était un devoir envers l'autre, envers celui qui est malade de désespoir.
Amok se lit de telle manière qu'on oublie qu'on tourne des pages, on devient l'étranger du navire et on écoute ce vieillard nous raconter son indescriptible secret.
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