Un petit roman sans prétention sur un huis clos amoureux entre un trio improbable au début du XXème siècle : Anselme, notaire de province, sa femme Victoire, jeune mariée incapable d'enfanter et leur bonne Céleste, jeune fille pieuse et naïve. Tout en douceur, Léonor de Récando construit autour de ces personnages un décor crédible sur les convenances, le sentiment amoureux et le sentiment maternel, avec une intrigue simple (la patron engrosse la petite bonne, qui va faire "cadeau" de son bébé à ses patrons en manque d'enfant... Les choses se compliquent avec l'apparition de sentiments interdits dans un milieu fait de convenances, de barrières sociales, mais aussi d'envies bridées, de non-dits et de secrets.
J'ai aimé cette ambiance crédible et feutrée, l'écriture quasiment filmique (j'ignore pourquoi précisément mais ce roman m'a fat penser au film La leçon de piano). Le style est pur, les phrases courtes mais au style impeccable, collant à l'époque du roman, quasiment naturaliste. Ce huis clos n'a rien d'étouffant, c'est à la fois un hymne à l'amour (aux amours, plutôt), à la femme et à la famille, tout en étant empreint d'une certaine nostalgie, des prémisses d'un bouleversement social...