Qui a osé comparer ce livre avec du Palahniuk ?
Je... hein ? Palahniuk ? Non mais faut pas exagérer tout de même.
"Anaisthêsia" m'a déçu, il aurait pu être formidable, il s'est contenté d'être incomplet et fouillis.
Désiré Saint-Pierre est flic, défiguré suite à un accident, ripoux et surtout, black.
Le racisme est d'ailleurs un point central du livre, qui revient, encore et encore, pointant bien du doigt les inégalités sociales entre blacks et blancs, entre immigrés et "natifs", entre première et deuxième génération.
Le livre commence par les détails complets d'une autopsie et moi qui suis férue de ce genre de détails, le premier chapitre a été un véritable hameçon, j'en avais déjà les yeux qui brillaient, le coeur qui battait, le style m'envoûtait, je devais dévorer ce livre de moins de 300 pages cette nuit là et ne pas attendre le lendemain pour le terminer.
Et j'ai tourné les pages. Le second ou troisième chapitre parle de la rencontre du protagoniste avec son psy, on visite la clinique, découvre les particularités de certains patients. En plus d'anatomie, je suis passionnée de psychologie et psychiatrie... je me frottais les mains de plaisir. Ce livre promettait d'être une vraie pépite.
Mais au fur et à mesure que l'histoire avance, je note de sacrées lourdeurs au texte. Évidemment fait exprès, mais franchement saoulant au bout d'un moment : les répétitions. Il y en a partout, et ça prend des pages entières.
Ces phrases plus ou moins courtes, qui reviennent comme une litanie. Et quasiment mot pour mot. Faire une répétition de trois voire quatre cadences, pourquoi pas. Mais faire la même répétition une dizaine de fois en pavés sur trois pages... sérieusement ?
Et puis un truc m'a interpellée quand même. Désiré Saint-Pierre a eu un accident qui lui a ôté toute sensibilité, autant physique que psychologique. Et bien pour un personnage dénué de sensibilité, j'ai trouvé qu'il y en avait beaucoup trop dans ses descriptifs. Ses dialogues sont effectivement froids, mais ce qu'il raconte ne l'est pas. Il a indéniablement une sensibilité qui reste et j'ai trouvé ça dommage que ce ne soit pas mieux expliqué.
De plus, nous sommes sur une enquête concernant une tueuse en série qui s'avèrera être tueuse à gage. Et bien de cette enquête, pas grand chose à tirer.
Autant j'ai apprécié le témoignage du premier "nubien" au commissariat, autant le reste m'a semblé un déluge de blabla.
Je ne dirai pas que je n'ai pas aimé ce bouquin, mais il m'a semblé trop cafouillis, pas assez homogène. Certains chapitres m'ont plu, pas d'autres, certaines formes d'écriture m'ont emballée, d'autres m'ont carrément gonflée, parfois je dévorais les pages et à d'autres moments, je les sautais volontiers.
J'ai trouvé ça franchement dommage que l'auteur fasse autant de mélanges sans vraiment suivre un fil linéaire ou un discours simple. On a davantage l'impression qu'il a écrit selon ses humeurs et pas celles de son personnage. C'était probablement volontaire, mais ces changements m'ont déstabilisée et m'ont empêchée de savourer pleinement ce livre qui m'avait emballée au début. De plus, il est plutôt court pour un texte qui se penche sur autant de sujets que le racisme, la psychologie, l'enquête criminelle, la vie des cités, la toxicomanie et les gangs. J'aurais préféré qu'il réduise son champ d'exploration pour se concentrer sur un thème plutôt que de partir sur tous les terrains et laisser son lecteur sur sa faim. J'ai lu un éventail pas fini au lieu d'un bon thriller.
Dommage.