Lu en Février 2021. Édition GF. 8,5/10.
Toujours sympathique de se plonger dans cet univers grec ancien. Forme classique, des amours compromis par l’inimitié de certains ou certaines. Les héros ne sont rien sans leur confident/ami.
Intrigue de jeux de pouvoir et de domination. Oreste doit tuer Astyanax pour protéger la Grèce et porter à Troie le coup de grâce. Mais il veut surtout récupérer le cœur d’Hermione qui aime Pyrrhus et qui est son fiancé mais ce dernier ne l’aime pas, il est envoûté par la belle et perfide Andromaque qui protège son fils, l’héritier d’Hector.
Hermione est tout à fait détestable. Oreste est un chien battu. Pyrrhus a les meilleures répliques. C’est Andromaque qui a le plus de panache, elle qui était la captive finit par dominer la situation a la fin de la pièce, véritable ode à la reine régente.
Le suspens sur l’effet tragique perdure tout au long de la pièce car il y a plein de tragédies possibles. Hermione va t-elle tuer Pyrrhus ?
La progression est tout à fait classique, on sent les nœuds de l’intrigue se resserrer entre les actes 3 et 4. Le dernier acte est tout à fait épique et la dernière scène particulièrement monumentale.
Toujours aussi impressionnant de voir la rigueur de la versification (alternance rimes masculines féminines + alexandrin + hémistiche). Mais les monologues, très purs m’apparaissent un peu froid, un peu trop rigoureux et artificiels peut être. Certains effets très intéressants comme ce monologue de 8 alexandrins interrogatifs V,2 de Hermione qui met en évidence ses doutes existentiels.
C’est une très grande œuvre malgré des quelques lourdeurs et lenteurs que je n’avais pas retrouvé dans le Phèdre par exemple.
« Tous les héros ne sont pas faits pour être des Céladons » (Première préface, reprise des règles fixées par Aristote un peu plus loin…)
« Mais parmi ces périls où je cours pour vous plaire, Me refuserez vous un regard moins sévère ?... » (v.289 - Pyrrhus à Andromaque I,4)
« Je lui donne son fils, mon âme, mon empire ; Et je ne puis gagner dans son perfide coeur D’autre rang que celui de persécuteur » (v.690 – Idem – II,5)
« Et tout ingrat qu’il est, il me sera plus doux De mourir avec lui que de vivre avec vous » (v.1247 – Hermione à Oreste – IV,3)
« Mais du haut de la porte enfin nous l’avons vue, Un poignard à la main, sur Pyrrhus se courber, Lever les yeux au ciel, se frapper, et tomber. » (v.1610 – Pylade à Oreste, parlant d’Hermione – V,5)
« Hé bien ! Filles d’enfer, vos mains sont-elles prêtes ? Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes » (v.1637 – Oreste voyant Hermione sur la dépouille de Pyrrhus - idem)
Excellente critique plus détaillée… https://www.senscritique.com/livre/Andromaque/critique/7798941