Attention, Anima est une bombe littéraire. Un chef d’œuvre, oui, mais aussi une œuvre d’une violence inouïe, à ne pas mettre entre toutes les mains. Rarement ai-je été remuée à ce point : dégoûtée par les sanguinolentes descriptions, hypnotisée par le rythme presque nonchalant de la narration. Wahhch Debch retrouve sa femme assassinée. Démuni, presque apathique, il part à la recherche du meurtrier : il veut simplement le regarder dans les yeux. Rapidement pourtant, une vengeance s’impose : la police ne fera rien pour arrêter cet indien mohawk qui prend plaisir à violer les plaies béantes de ses victimes. Par-dessus tout, Wahhch fuit la folie qui le guette.
De Montréal, lieu de l’assassinat, Anima nous guide à travers villes et forêts, jusqu’aux États-Unis, dans les dédales d’une réserve indienne, mais aussi et surtout dans le passé du personnage principal et ses souvenirs du massacre de Sabra et Chatila.
Ce qui pourrait être un simple thriller bouscule le lecteur jusque dans la forme : l’histoire est racontée par des animaux. Chats et chiens, fourmis, cafards, serpents, loups : tous sont témoins de la marche de Wahhch. Le roman n’est plus une histoire de vengeance : il se fait pamphlet contre la violence de l’Homme, critique acerbe de sa prétendue humanité comparée aux “bêtes”. Ces bêtes qui observent sans comprendre des pulsions qui n’ont rien d’animales.
Anima est un roman gifle, que j’ai eu envie de refermer et d’oublier plusieurs fois. Il oblige à sortir de sa zone de confort, à être piqué, maltraité. Ils est un véritable chef d’œuvre où la violence flirte avec la mélancolique poésie du temps qui passe.
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