Plus Besson que Karénine
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Le dérèglement du monde est un sujet constant des livres de Niccolo Ammaniti, particulièrement dans Comme Dieu le veut et La fête du siècle. Ou quand la réalité dérape et dévie vers une cacophonie et un chaos extrêmes. Anna est dans la continuité mais en plus radical, si l'on peut dire, puisqu'il s'agit ici d'une chronique post-apocalyptique où les seuls survivants sont des enfants de 14 ans maximum. Ce qui permet aussi de retrouver l'un des thèmes favoris de l'auteur italien, à savoir l'adolescence et le passage initiatique à l'âge adulte. Anna est plutôt linéaire dans son récit, classique d'une certaine façon, créant une atmosphère réaliste et crédible. On peut compter sur Ammaniti pour imaginer des images très graphiques, parfois à la limite du supportable. Le caractère cinématographique est indéniable (la communauté des enfants dans l'hôtel, les vaches dans la grande surface, etc). Son personnage d'Anna est très attachant mais il ne faut pas attendre de l'écrivain une quelconque mièvrerie. Du haut de ses presque 14 ans, Anna est une héroïne qui est aussi une condamnée en puissance et ses actes n'ont d'autre but que d'assurer sa survie et la transmission à son jeune frère. Il y a quelques gouttes d'espoir dans le livre, un peu d'amour même, mais la tonalité est globalement noire et pessimiste. Personnage annexe mais important, le chien qui se transforme de bête méchante en ange protecteur (de façon soudaine et surprenante mais ce n'est qu'un détail) est à l'image redevenu primitif et instinctif. Si l'on pense évidemment à La route et à d'autres romans aux enjeux similaires, le talent d'Ammaniti lui permet de créer sa propre vision d'apocalypse et de la soumettre à ses obsessions personnelles. C'est à cela (entre autres) que l'on reconnait un auteur parmi les plus passionnants dans la riche littérature italienne contemporaine.
Créée
le 17 déc. 2016
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