La sorcière rousse
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En dehors des polars et autres romans noirs et de société, ce que j’apprécie aussi ce sont les romans qui se passent en des temps anciens.
Avec AnnaThalberg, Eduardo Sangarcia allie les deux avec une originalité surprenante.
Commençons par ce qui intéressera le plus grand nombre : le résumé.
Anna est emmenée de chez elle alors que son mari est absent. Sa voisine, par jalousie autant que par stupidité, l’ayant dénoncée auprès de l’examinateur Vogel pour faits de sorcellerie. Bien évidemment, chacun rajoute un peu d’huile sur le feu, accusant la pauvre Anna de tous les malheurs qui leur sont arrivés. Emmenée à la « tour des sorcières » pour y être torturée avant d’être brûlée sur le bucher, Anna fera face au « Père confesseur » tandis que son mari, aidé par le curé du village, tentera de sauver sa femme.
C’est donc à une histoire chevaleresque mais peuplé de bassesses, de méchanceté gratuite, de peur aussi, envers Anna, parce qu’elle est différente, seule rousse au village, qu’on a affaire. Et le fait que cela se passe en Allemagne au XVIème siècle peut prêter à sourire tant cela rappelle la chasse, non pas aux sorcières, mais aux juifs, qui a eu lieu aux XIX et XXème siècles dans ce même pays… on se demande d’ailleurs si cela est bien terminé, mais c’est un autre débat. La peur de la différence, la haine et surtout l’ignorance et la bêtise en sont les mêmes combustibles. Ou encore comment au nom d’une idéologie ou d’une religion des gens peuvent se permettre de juger d’autres personnes et de décider de vie ou de mort sur ces hommes et ces femmes. Là encore cette histoire est on ne peut plus contemporaine.
Après l’histoire et son message, je vous parlerai du style, totalement unique, inattendu, original. Cette façon qu’a l’auteur de construire ses phrases, ses paragraphes, est lumineuse d’ingéniosité. Et que dire des passages qui font se refléter en deux colonnes les paroles d’Anna vs ce que veut comprendre et ce qu’interprète le « Père confesseur » et vice versa.
Bref, quoi que l’on recherche dans ses lectures, chacun trouvera dans ce roman trop court de quoi combler ses attentes.
A découvrir à La Peuplade dans une traduction de Marianne Million.
Créée
le 5 août 2023
Critique lue 8 fois
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