La sorcière rousse
Pas de points ni de majuscules et des dialogues sur deux colonnes : la forme, étrange, de ce récit qui entend couler comme l'eau d'un fleuve vers son embouchure, est ce que l'on retient,...
le 28 janv. 2023
2 j'aime
Eduardo Sangarcia est un jeune écrivain mexicain qui a longtemps étudié le traitement de l'Holocauste dans les littératures latino-américaines. Le voir aborder la chasse aux sorcières qui sévit au XVI° siècle en Allemagne dans son roman ANNA THALBERG s'avère somme toute assez cohérent, puisqu'il y analyse avec une certaine maestria les rouages philosophiques et religieux démentiels qui conduisirent l'Eglise catholique d'alors à mener au bûcher des centaines de femmes (surtout des femmes).
Le roman s'inspire du fameux procès des sorcières de Wurtzburg. L'église était alors aux mains d'évêques et d'inquisiteurs forts de leurs prérogatives qui voyaient leur autorité de plus en plus bafouée par les assauts d'un calvinisme très vindicatif qui faisait alors régner une menace permanente de guerre civile.
Anna Thalberg est une jeune paysanne pauvre qui a le malheur de s'être installée dans le village de son mari où, considérée comme une étrangère et jalousée par ses voisines pour sa jeunesse et sa beauté, elle est dénoncée et aussitôt emprisonnée, torturée et exécutée.
Aucun suspense dans ce court roman ramassé où tout semble écrit d'avance, entre déterminisme social, aveuglement politique et foi religieuse débauchée. Rien de bien neuf dans le contenu si ce n'est qu'Eduardo Sangarcia est un vrai écrivain, passant de personnages à d'autres en faisant voguer les questionnements, les doutes, et la folie de chacun d'un paragraphe à l'autre, pour esquisser l'état d'esprit d'une époque à laquelle cette folie furieuse de bûchers allumés à tour de bras allait mettre un terme (et qui trouvera dans ce même pays, - c'est en filigrane le propos du livre -, un écho morbide au milieu du XX° siècle, au milieu d'autres carnages).
On retiendra ANNA THALBERG notamment pour ces passages étonnants de "dialogues" entre Anna et son confesseur, dialogue de sourds s'il en est, avec en italique les pensées de chacun en contrepoint de leurs propos sans portée.
Court, violent, ramassé et très virtuose, voilà une lecture, pour éprouvante qu'elle soit ,qui vous travaille encore longtemps après.
Créée
le 24 janv. 2023
Critique lue 25 fois
D'autres avis sur Anna Thalberg
Pas de points ni de majuscules et des dialogues sur deux colonnes : la forme, étrange, de ce récit qui entend couler comme l'eau d'un fleuve vers son embouchure, est ce que l'on retient,...
le 28 janv. 2023
2 j'aime
En dehors des polars et autres romans noirs et de société, ce que j’apprécie aussi ce sont les romans qui se passent en des temps anciens.Avec AnnaThalberg, Eduardo Sangarcia allie les deux avec une...
Par
le 5 août 2023
Eduardo Sangarcia est un jeune écrivain mexicain qui a longtemps étudié le traitement de l'Holocauste dans les littératures latino-américaines. Le voir aborder la chasse aux sorcières qui sévit au...
Par
le 24 janv. 2023
Du même critique
En 2016 sortait Le grand marin, roman d'une illustre inconnue qui bénéficia d'emblée d'un bouche à oreille extraordinaire avant de devenir un immense succès de librairie. Cela changeait beaucoup de...
Par
le 22 janv. 2023
3 j'aime
Pour celles et ceux qui s'intéressent de près ou de loin au côté sombre, voire crasseux du cinéma américain, ce conseil de lecture d'un essai que j'ai dévoré tellement il déploie son érudition à...
Par
le 8 janv. 2023
3 j'aime
Un film de Hong n'arrive jamais seul. A peine a-t-on eu le temps de rater son avant-dernier (Juste sous vos yeux, sublime parait-il), de me remettre de la légère déception causée par son avant-avant...
Par
le 27 févr. 2023
2 j'aime