L'appel de chtulhu

Les romans fantastiques qui perturbent les habitudes, les certitudes du lecteur blasé, sont rares. Ici, Jeff Vandeermer, dans le premier tome de la trilogie du rempart sud, mène une expédition dont on ne sait à peu près rien, au sein d'une mystérieuse zone X ou les règles de la physique et du temps ont disparus. Le choix de l'auteur est de perturber son lecteur dans sa fameuse zone X, dont le premier tome ne dit rien ou presque, pour étudier une expédition dont on comprend vite qu'elle est sacrifiée d'avance. Livre de manipulation, ou la vérité est retenue, les 4 membres de l’équipe n'étant jamais nommées, sinon par leur profession, on ne sait de qui les visiteuses de la zone X doivent se méfier le plus. Le gouvernement, le fameux rempart, qui leur ment manifestement, en leur dissimulant des informations fondamentales. La chose qui habite la tour, qui dépasse l'entendement humain, et défile un verbatim organique. Livre d'aventure, livre d'exploration, annihilation prend le risque (réussi) de décrire une visite cauchemardesque dans une terre désolée, sans donner guère d'explications, mettant ses humains en présence des grands anciens de Lovecraft, et mesurant le gouffre d'incompréhension entre les humains et les choses qui rodent sur la lande du phare. Reste que cette rétention d'informations finit par interroger (pourquoi envoyer des expéditions si c'est pour les sacrifier ?) qui peuvent rendre la fin du livre frustrante.L'intelligence de l'auteur dans le deuxième tome est de prendre le contre-pied total de cette approche initiale, pour analyser la zone X du coté du rempart de la zone sud, et livrer les premières explications. Mais ceci est une autre histoire...