Que dire sur ce chef-d'oeuvre... L'été de ses 17 ans, Elio se consume de désir pour Oliver, un Américain en résidence dans la villa de ses parents. D'évitements en provocation, de déclarations en marches-arrière, de la pure joie à la honte de soi, Elio raconte cet été inoubliable où "il était plus moi que je ne l'avais jamais été moi-même".
Le décor paradisiaque s'impose en quelques évocations : la côte italienne, sa chaleur étouffante, la piazzetta du village, les persiennes des chambres, les épreuves sur Héraclite que corrige Oliver au bord de la piscine et les transcriptions au piano d'Elio... j'ai la bande-son, les odeurs et l'image sans faire le moindre effort d'imagination.
Elio analyse et décortique le désir et l'amour fou qui l'a porté cet été là, l'empreinte qu'il en garde dans son âme, la façon dont cette rencontre l'a façonné et suivi le long de sa vie. L'incandescence du désir, les atermoiements de jeunesse, le feu de la passion et les excès des sentiments, toutes ces émotions pures et puissantes à la fois sont magnifiquement analysés. C'est moderne et racé, pimenté et en même délicatement sentimental, intellectuel et fin, ce roman m'a happé et littéralement retourné. J'ai envie de l'apprendre par coeur. C'est un roman d'amour que je relirai, car je suis persuadée qu'il me portera d'une façon différente à chaque étape de ma vie.
Je n'avais encore rien lu d'aussi touchant depuis L'attrape-coeurs de Salinger (dans un tout autre registre), et suis effondrée d'avoir quitté Elio et Oliver. Leur histoire d'amour me bercera longtemps.