Pour ma part un très beau moment de lecture, une plongée dans une histoire d'amour simple et sensuelle entre deux hommes qui n'ont à priori rien en commun sauf une attirance mutuelle qui les enflamme progressivement.
Ainsi résumée, l'histoire ne semble pas très originale et ressemble à tant d'autres abordant la question du coup de foudre entre deux personnes de même sexe. Mais ce qui compte n'est pas la simplicité de l'histoire, sa banalité en comparaison à d'autres, mais la manière dont elle est racontée. Et par la plume poétique d'André Aciman, on est transporté avec Elio, le narrateur encore adolescent, dans cet été italien où sa vie a basculé, quand Oliver est venu passer quelques semaines avec lui, invité chez ses parents. Elio est attiré par cet homme de sept ans de plus que lui, fantasme en secret, fait mine de le rejeter en apparence en faignant de l'ignorer, puis cède et peu à peu se rapproche. Oliver, même si ce n'est pas dit, semble avoir vécu les mêmes troubles et ne rejette pas les avances d'Elio au moment où ils finissent pas s'embrasser et coucher ensemble. Les deux hommes se laissent finalement aller par leur attraction et passion après des semaines d'errance tout en ayant conscience que leur histoire ne sera pas éternelle et ne durera que le temps d'un été (on en est triste pour eux). Puis, Oliver rejoindra les Etats-Unis, laissera Elio, et les deux hommes se reverront occasionnellement les années suivantes sans que jamais recommence leur histoire mais sans dénier celle-ci. Ils savent ce qu'ils ont vécu et restent encore et toujours très attachés l'un à l'autre. Leur amour n'est plus charnelle mais spirituelle et persistent entre eux une infinie tendresse.
Lu en quelques jours en anglais, il y a très longtemps que je n'ai pas été autant surpris et transporté par une histoire, que l'ambiance d'un livre ne m'avait pas autant happé et imprégné au point que je prenne mon temps pour la déguster, et que ce roman me poursuivre après l'avoir terminé avec joie et regret. Ni triste, ni belle, c'est une histoire simple infiniment bien racontée qui nous heurte dans le creux de notre coeur. Les deux personnages principaux sont bien construits ainsi que le lien entre les deux. La première moitié du roman sur les fantasmes et errances d'Elio est un peu trop longue et répétitive, on a envie de passer à la suite et que les deux se mettent ensemble, puis une fois que c'est fait on se laisse happer par l'histoire. Quelques scènes sont peu… disons gênantes (mais pas choquantes) comme celle de la pêche ou des détails de leurs rapports sexuels. J'ai aimé les scènes à Rome où leur histoire d'amour prend fin, car elle n'est pas tragique et que cette issue était prévue, c'est là qu'on voit et lit toute la complicité qui lie ces deux jeunes hommes. Mais la partie que j'ai adorée est celle des retrouvailles quinze ans après, quand Elio fait la surprise d'aller voir Oliver à la fin d'un de ses cours et que leur complicité reprend là où elle s'était arrêtée, et qu'on ressent l'amour toujours subsistant entre eux tout comme le souvenir de leur histoire qu'ils respectent et sont contents d'avoir vécue.
Un livre d'une sincérité et d'une sensualité rares et pures.